CONVENTION REPUBLICAINE POUR LE PROGRES SOCIAL
CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT DU DIRECTOIRE POLITIQUE PROVISOIRE
Me NICOLAS TIANGAYE
( 4 décembre 2014 )
Je souhaite la bienvenue à la presse dont l'action courageuse pour informer la population centrafricaine et la communauté internationale est salvatrice pour notre pays en cette période de crise. Elle a joué et continue de jouer un rôle significatif pour l'éclosion d'une conscience citoyenne. Lorsque les partis politiques ou la société civile à certains moments ont failli face à leur responsabilité devant la nation, seule la presse était restée debout pour interpeler les uns et les autres afin qu'ensemble nous portions haut l'étendard du combat de notre peuple.
Qu'elle trouve ici l'hommage de toute la considération et de tout le respect qu'elle mérite.
Cette conférence de presse se tient en prélude à la rentrée politique de la Convention Républicaine pour le Progrès Social (CRPS) qui aura lieu le 13 décembre 2014.
Cette rentrée politique 2014-2015 du parti que j'ai l'honneur et le privilège de diriger depuis le 24 mai 2008, outre les questions d'organisation interne, portera un regard objectif mais critique sur la situation tragique et dramatique que traverse notre pays depuis bientôt deux ans afin d'en tirer les leçons et les enseignements utiles à sortir définitivement notre pays de cette crise suicidaire.
Notre responsabilité collective est engagée et elle est immense au regard des souffrances endurées par notre peuple innocent.
Je fais miennes les préoccupations majeures des forces politiques et sociales centrafricaines et qui portent essentiellement sur:
- la sécurité et la question du désarmement;
- la résolution de la crise humanitaire;
- le forum de réconciliation nationale;
- les prochaines consultations électorales;
- la lutte contre l'impunité et la responsabilité des auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité...
Cette liste est purement énonciative et non limitative. Il n'y aura pas de sujet tabou. Pour ce qui me concerne à titre personnel, j'ai décidé, après avoir gardé le silence pendant plusieurs mois, de répondre aux accusations mensongères distillées ça et là contre moi au sujet d'une prétendue complicité avec la coalition SELEKA que j'aurais aidée, avec Monsieur Martin ZIGUELE, à prendre le pouvoir.
Le débat démocratique ne peut s'accommoder de contre-vérités, d'affabulations, de calomnies et de grossièretés.
L'Histoire finit toujours par débusquer les imposteurs dont les calculs et les ambitions visent toujours à tromper un peuple en désarroi.
La CRPS a une vision qui se résume dans sa devise :
JUSTICE-PAIX-DEVELOPPEMENT.
Sans la justice, il n'ya pas de paix. Sans la paix, il n'ya pas de développement. Notre devise illustre parfaitement la situation que nous vivons aujourd'hui et peut modestement constituer une source féconde de réflexion.
Je vous remercie.
05/12/14 (AFP)
Au moins quatre personnes ont été tuées en Centrafrique lors de violences ces derniers jours dans la ville de Bambari, dans le centre du pays, selon un communiqué de la force de l'ONU en Centrafrique (Minusca) publié jeudi soir à Bangui.
"La ville de Bambari a été de nouveau le théâtre de violences graves et aveugles faisant de nombreuses victimes, y compris au moins quatre morts, plus d’une douzaine de blessés et des maisons brûlées", précise la Minusca en se disant "particulièrement préoccupée par la nature intercommunautaire de ces violences".
Ces violences semblent liées, selon la gendarmerie centrafricaine, à la mort d'un conducteur de moto-taxi, dont le véhicule a été volé. La découverte du corps du conducteur, d'origine peule (communauté composée essentiellement d'éleveurs nomades musulmans), a entraîné des représailles visant des chrétiens.
La ville de Bambari où est installé l'état-major d'une factions de l'ex-coalition Séléka est depuis le théâtre d'affrontements intercommunautaires fréquents qui ont fait plusieurs dizaines de morts et autant de blessés depuis juin.
Depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka à dominante musulmane - chassée à son tour en janvier 2014 - la Centrafrique a sombré dans une crise sécuritaire et politique sans précédent.
Des mois de violences intercommunautaires et d'affrontements entre groupes armés ont depuis achevé de ruiner le pays, déjà rongé par des années d'incurie et des troubles à répétition.
Ces troubles et la déliquescence de l'Etat centrafricain ont permis à des bandes armées de prospérer dans nombre de régions, où elles rançonnent et volent la population, mais aussi les organisations humanitaires.
Trois forces internationales sont déployées dans le pays pour tenter de le stabiliser: Sangaris (française), qui marque ce vendredi son premier anniversaire, Eufor-RCA (Union européenne) et Minusca.
05/12/14 (AFP)
La France va progressivement retirer ses soldats engagés en Centrafrique, passant de 2.000 hommes actuellement à 1.500 au printemps, a indiqué vendredi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
"Progressivement, la France va se retirer. Nous sommes actuellement 2.000, au printemps nous serons 1.500", a déclaré M. Le Drian a la chaîne BFMTV.
"On va diminuer en fonction de la montée en puissance de la Minusca", la force de maintien de la paix de l'Onu, qui compte actuellement 8.600 hommes et doit à terme arriver à 12.000.
Le retrait français sera progressif, a insisté le ministre, précisant que Paris conserverait une présence "capable d'être une force de réaction rapide si d'aventure il y avait des risques".
"Progressivement nous reviendrons à un étiage que nous connaissions au départ, mais nous n'y sommes pas encore, il faut faire avec prudence", a-t-il dit, reconnaissant qu'il y avait "toujours des tensions" en Centrafrique.
Avant le déclenchement de l'opération militaire française Sangaris le 5 décembre 2013, la France comptait quelques centaines de soldats en Centrafrique, basés à l'aéroport de Bangui.
Paris est intervenu militairement il y a un an dans ce pays pour tenter de casser une spirale de violences intercommunautaires née du renversement du régime de François Bozizé en mars 2013 par une coalition rebelle à dominante musulmane, la Séléka.
Les exactions de ces rebelles contre la population très majoritairement chrétienne du pays avaient abouti à la formation de milices d'auto-défense, les anti-balaka, qui à leur tour s'en sont prises aux civils musulmans, contraints de fuir des régions entières.
Ces violences ont fait plusieurs milliers de morts et plongé le pays (4,8 millions d'habitants) dans une crise humanitaire sans précédent.
Par Olivier Fourt RFI vendredi 5 décembre 2014
Il y a un an démarrait l'opération Sangaris. Une opération d'intervention de l'armée française destinée à éviter un bain de sang en Centrafrique. Désarmer, cantonner les combattants, protéger les populations. La mission Sangaris, qui devait initialement être de courte durée, attend aujourd'hui que les Casques bleus soient pleinement déployés pour envisager un désengagement progressif. Quel bilan peut-on tirer du travail de Sangaris ? Qu'y aura-t-il après Sangaris ? Le patron de la Force, le général Eric Bellot des Minières répond à Bangui, aux questions de RFI.
RFI : L’année dernière, quand l’opération Sangaris a commencé, on nous parlait d’une opération courte qui devait durer de quatre à six mois, cela fait un an. Finalement, qu’est-ce qui explique que ça ait duré si longtemps ?
Eric Bellot des Minières : Lorsque l’opération a été mise en place, elle a été mise en place dans l’urgence pour palier à une situation exceptionnelle et éviter, sans doute des massacres en tout cas, un désastre humanitaire ici à Bangui. L’idée générale de cette opération était d’assurer un tulage avec une force multinationale, qu’elle soit européenne ou qu’elle dépende directement de l’ONU. Il a fallu un peu de temps pour assurer cette montée en puissance de la force que nous accompagnons maintenant depuis quasiment trois mois, et qui devrait être pleinement opérationnelle à échéance d’avril prochain. Au-delà des six mois envisagés initialement, pour autant, on commence à voir une certaine succession à cette opération Sangaris, qui permettra peu ou prou pleinement aux opérations de la Minusca de prendre le lead sur l’ensemble de l’action qui est menée ici en Centrafrique. Sangaris ou une opération post-sangaris assurant simplement une mission plus compacte, plus concentrée, de réserve, agissant dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité.
On parle d’élections pour juillet-août 2015, est-ce que la force Sangaris ne devra pas rester à un niveau élevé jusqu’à ces élections pour garantir, pour accompagner ces élections ?
Pour l’instant, rien ne le dit. Pour l’instant ce que l’on constate, c’est que la Minusca réussit de manière assez remarquable son déploiement. De ce fait, tout est vert pour qu’une pleine capacité opérationnelle soit prononcée fin avril et qu’à priori les choses s’apaisent et permettent d’assurer une montée en puissance totalement normale des élections et du processus politique centrafricain. Si maintenant besoin était, la France a démontré jusqu’à présent qu’elle était capable d’avoir des actions et des forces à géométrie variable et je pense que les études nécessaires seraient faites pour savoir s’il faut intervenir différemment.
Un an après les évènements du 5 décembre, quel est aujourd’hui le visage de cette ville de Bangui ?
L’ambiance à Bangui est sans commune mesure avec celle qu’il y avait en décembre dernier. Vous vous rendez compte que les marchés sont pleins, vous vous rendez compte qu’il y a une circulation folle, vous vous rendez compte que l’école a repris, vous vous rendez compte que les églises, les temples, les mosquées, tout ceci fonctionnent, vous vous rendez compte qu’il y a des vraies discussions entre quartiers. Il y a des initiatives locales qui ont été prises par les maires, par les chefs de quartiers, les chefs d’arrondissements, des comités de surveillance, des gens qui parlent entre eux, de différentes communautés. Tout n’est pas parfait. Ceci étant, il y a une véritable évolution positive, me semble-t-il, de la situation. Alors on craint toujours des tas de choses, légitimement. Il reste encore des affaires toujours un peu délictueuses à traiter.
On voit bien que cette criminalité est au cœur des préoccupations des habitants de Bangui, aujourd’hui, on est moins dans des affrontements interethniques ou interreligieux ou entre groupes armés, mais réellement sur du grand banditisme ?
Ce qui est sans doute le signe d’ailleurs que la mission des armées est presque terminée. Le banditisme, la criminalité, les délits sont régulièrement traités dans tous les pays du monde plutôt par des forces de police et de gendarmerie. C’est bien le sens des travaux suscités par l’Union européenne pour former ces gendarmes depuis sept ou huit mois et qui ont permis de restaurer quelque part cette force de police centrafricaine dans Bangui, avec laquelle nous travaillons régulièrement. Le simple fait aujourd’hui de parler de crimes et délits est bien le signe tangible que les opérations militaires passent en arrière de la scène, ce qui est le signe, peut-être, d’une amélioration de fait de la situation centrafricaine.
Bangui n’est pas la Centrafrique, vous avez évoqué la manière dont Sangaris avait contenu notamment les mouvements ex-Selekas. Contenus seulement, ça veut dire que la menace pèse toujours ?
Bangui n’est pas la Centrafrique, mais Bangui représente un cinquième de la Centrafrique. Bangui n’est pas la Centrafrique, mais toute personne de Bangui a une accointance avec un village, une maison, une région en Centrafrique. Bangui n’est pas la Centrafrique, mais Bangui est la caisse de résonance de la Centrafrique, la capitale de la rumeur. Alors maintenant à l’extérieur, comment cela se passe t’il ? Vous le savez, à l’Ouest l’administration reprend ses droits. Au Nord et à l’Est, il y a toujours quelques cohues pilotées par la Seleka le plus souvent, auxquelles nous essayons de faire face conjointement avec l’ensemble des forces internationales. Vous vous rendez compte que dans l’extrême Est, les choses sont relativement stables. Donc, nous sommes particulièrement vigilants sur ces derniers soubresauts qui pourraient faire vaciller le pouvoir et les autorités de transition. Pour autant, vous vous rendez compte qu'en Centrafrique, le dialogue politique, la vie d’une manière générale reprend et reprend, me semble t’il, assez librement.
Est-ce qu’on note un certain retour, dans certains quartiers, de populations musulmanes qui ont dû fuir ces derniers mois ? Bangui s’est aussi vidé de ses populations musulmanes, on le sait assez bien.
Est-ce qu’on observe des chrétiens qui reviennent dans les zones musulmanes, des musulmans qui reviennent dans les zones chrétiennes ? Oui. On observe un certain nombre de retour à une certaine normalité, c’est long. C’est long et c’est lent. C’est long et c’est lent tout simplement parce que ceci fait suite à quasiment deux années d’exactions, de douleurs, de souffrances fraternelles entre des communautés pour lequel le distinguo religieux n’a jamais eu de sens véritablement. On parle, en général, en Centrafrique beaucoup plus de problèmes ethniques que de problèmes religieux. Il y a une vraie volonté de ces populations de retrouver le mode de vie qu’elles avaient auparavant dans lequel le sujet religieux, qu’ils soient protestants, catholiques, musulmans, animistes ou autre, ne soit pas un sujet de division. Je souhaite que les Centrafricains puissent se remettre au travail librement, leur fortune est dans leur terre, leur fortune est dans l’aptitude de cette population à travailler et dès qu’ils reprendront véritablement la voie du travail, l’économie s’améliorera, l’économie s’améliorant, la paix reviendra et la discussion politique sera apaisée.
En quelques secondes, 100 kilos de munitions viennent d’être transformés en poussière.
Destruction des stocks d’armes à Bangui 05/12/2014 - par Olivier Fourt
Par Laurent Correau, Olivier Fourt 05-12-2014 à 12:14
Il y a un an, le 5 décembre 2013, la France lançait l’opération Sangaris en Centrafrique. Une opération censée être courte. Objectif : stopper les violences contre les civils le temps que la force africaine Misca monte en puissance. Un an plus tard, la mission est toujours déployée. Et présente un bilan mitigé. Le bain de sang a été évité à Bangui, le calme est revenu dans certaines zones en province mais les groupes armés n’ont pas réellement été maîtrisés.
Un bref grésillement. D’une voix posée, le lieutenant Sébastien lance des instructions dans son talkie. « A 13, suivi de 11… en avant ». Bangui. Quartier de Combattant. Décembre 2014. Petites lunettes sous son casque lourd, l’officier français conduit ses hommes dans ces rues situées près de l’aéroport. Patrouille à pied dans un quartier qui avait été témoin de nombreuses violences, il y a un an.
Un an plus tard, la situation a bien changé. Des clients sont rassemblés autour de quelques tables en bois éclairées au néon : « Il est 23h00, constate le lieutenant Sébastien, il y a des cafés qui sont encore animés. La sécurité revient ». L’ambiance dans le bar n’est pourtant pas franchement légère. Les hommes qui sont là tiennent plus des piliers de bar que des Banguissois prêts à se détendre.
Bref échange avec un client. Qui confirme que tout est calme ce soir. Un peu plus loin dans la pénombre, un homme se tient un peu en retrait, un arc traditionnel à la main. Doit-il être désarmé ? « Il n’y a rien qui interdit d’avoir un arc et des flèches », tranche l’officier français.
Ce soir-là, la patrouille française n’aura pas à intervenir. « Le calme est revenu ici, estime le commandant Laurent de Sangaris. Les marchés ont rouvert, les étals sont bien achalandés ». L’officier reconnaît toutefois que certains commerçants de Combattant n’ont pas réinvesti leur magasin. En l’occurrence les musulmans, qui se disent toujours menacés.
Montée de la criminalité
Bangui stabilisée ? Il y a un an, la ville était au bord du gouffre. L’entrée des anti-balaka dans la capitale le 5 décembre a failli transformer les quartiers en gigantesques champs de bataille. Il y a eu des combats. Puis des représailles de la Seleka dans les quartiers. Un millier de morts au bas mot. Mais le déploiement de Sangaris a probablement permis d’empêcher que le bilan augmente encore.
Un an après cette bataille de Bangui, la capitale reprend vie. Mais la ville n’est pas à l’abri d’une rechute, comme l’a montré la poussée de tension d’octobre. L’assassinat d’un homme qui avait lancé une grenade sur un marché bondé a provoqué de nouveaux actes de violence et de représailles. Des anti-balaka ont dressé des barricades en ville. Selon les Nations unies, les événements ont fait 11 morts, 229 blessés et 7 500 nouveaux déplacés.
Il y a aussi dans Bangui une montée de la criminalité, symptomatique de la situation actuelle de lente sortie de crise. Car des armes, il en reste encore dans la capitale. Armes à feu, grenades. Certains n’hésitent pas à s’en servir. « Ce sont des agressions, c’est du racket, explique le commandant Laurent de Sangaris. Les ONGs, on le sait, en sont parfois victimes ». « Le jour ça va, mais la nuit on a encore peur », confie pour sa part un habitant. Restaurer la confiance reste un défi, y compris dans la capitale, Bangui où certains quartiers sont toujours vidés de leurs habitants.
Des armes, Sangaris en a saisies et les a mises hors d’état. Bangui, Kilomètre 25. En quelques secondes, cent kilos de munitions viennent d’être transformés en poussière, détruits par les démineurs du 3e régiment du Génie. « Depuis un an, explique le lieutenant-colonel Jérôme, 300 000 munitions de petit calibre ont été récupérées et détruites, mais aussi plus de 6 000 grenades et 4 500 roquettes et obus ». Sur le camp militaire de Mpoko, on détruit de vieux fusils à coup de marteau, de disqueuse et de chalumeau. Près de 8 000 armes ont été saisies depuis un an.
Il reste encore cependant de nombreuses caches dans la capitale. « La question de la réalisation du mandat de désarmement de Sangaris est posée, estime Thierry Vircoulon, chercheur à ICG (International Crisis Group). Il n’y a jamais eu autant d’armes en circulation à Bangui qu’à l’heure actuelle ».
Résultats mitigés
A l’intérieur du pays, Sangaris a joué un rôle de stabilisation dans certaines zones. Comme dans la ville de Bouar, dans l’Ouest, où elle a réussi à calmer le jeu. « Il y avait, au sein des groupes miliciens d’autodéfense, beaucoup d’éléments incontrôlés qui pensaient s’offrir un butin de guerre par des pillages et des exactions, explique le père Toussaint Zoumaldé, le directeur de la radio Siriri de Bouar. Pratiquement tous les jours on entendait des tirs. Lorsque Sangaris est arrivée et a commencé les patrouilles, ça a permis de contenir certaines velléités ».
Sangaris a aussi effectué un long travail de sécurisation de la route qui permet l’approvisionnement entre le Cameroun et Bangui, celle que l’on appelle parfois la MSR (Main supply road). Même si les transporteurs déplorent la persistance des pillages quand un véhicule doit sortir de l’escorte, en cas de panne par exemple.
Les groupes que l’armée française devait neutraliser, conjointement avec la force africaine Misca, n’ont en revanche pas réellement pu être désarmés. Les éléments de l’ex-rébellion Seleka ont par exemple conservé leur force militaire et continuent à agir comme bon leur semble dans des régions entières du pays. Selon le dernier rapport sur la RCA présenté au conseil de sécurité de l’ONU, « En dehors de Bangui, un cycle ininterrompu de provocations et de représailles commises par des groupes armés animés de motivations politiques ou criminelles a continué à peser sur la situation sécuritaire, et notamment sur la sûreté et la sécurité de la population civile ».
Les humanitaires expliquent, eux, qu’un an après le lancement de Sangaris, ils ont toujours des difficultés à travailler. Les convois d’aide humanitaire restent attaqués, rançonnés. « Sangaris a des moyens qui sont limités, constate Thierry Dumont, chef de mission à MSF (Médecins sans Frontières). Je pense qu’ils ont essayé de faire pour le mieux avec les moyens dont ils disposaient mais ça n’a pas changé la face des choses en Centrafrique ».
Envoyée pour protéger les civils, l’opération française n’a pas réussi enrayer la vague de violence qui a visé la communauté musulmane. En partie parce que ces violences ont été perpétrées par des acteurs « insaisissables ». Mais aussi parce que le mouvement n’a pas été suffisamment pris en considération lors des débuts de l’opération. Suite aux lynchages et aux pillages, de très nombreux musulmans ont en tout cas dû fuir vers le Tchad ou le Cameroun. Selon le HCR, près de 420 000 Centrafricains sont aujourd’hui réfugiés dans les pays voisins.
« Sangaris n’a pas protégé les musulmans »
Les opérations de désarmement, dans les premiers jours de l’opération, ont surtout visé les Seleka et ont ouvert, malgré elles, les vannes de violences populaires contre les musulmans. « Sangaris a fait une mauvaise entrée », se souvient Ahmat Déliris, le 2e vice-président de la communauté musulmane de Centrafrique qui se lamente sur le sort réservé à sa communauté : « Sangaris n’a pas protégé les musulmans. Elle a laissé aller les choses. Il y a eu des morts. On a perdu des biens, des mosquées ».
Peter Bouckaert, de l’ONG Human Rights Watch, a suivi l’évolution de la situation sur le terrain. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde, il racontait en février dernier un incident « particulièrement choquant » auquel il a assisté dans Bangui : « Nous avons été horrifiés de voir une foule hilare mutiler le corps d'un civil musulman, lui couper les parties génitales et les lui mettre dans la bouche, sous les yeux d'enfants qui se tenaient à proximité. Des soldats français de la force Sangaris étaient stationnés à environ cinquante mètres, mais ils n'ont rien fait. Quand nous avons demandé à des officiers français pourquoi leurs troupes n'étaient pas intervenues, ils nous ont répondu à plusieurs reprises qu'elles ne devaient pas être perçues comme prenant parti pour l'un des deux camps ».
Pour Thierry Vircoulon d’ICG, l’armée française a manifestement sous-estimé, au début de l’opération, la complexité de l’environnement centrafricain et la menace que constituaient les anti-balaka : « Avec l’attaque de Bangui, estime l’analyste, les stratèges de l’état-major se sont rendus compte que l’environnement était beaucoup plus mouvant qu’ils ne l’imaginaient et qu’ils se trouvaient dans le pire des contextes : être dans une zone de violence sans avoir d’ennemi clairement identifié ».
Les plus amers des musulmans centrafricains vont jusqu’à accuser Sangaris d’avoir fait le jeu des anti-balaka, car des mouvements de miliciens ont été signalés parallèlement au déploiement français vers l’est du pays. Des accusations rejetées par des officiers de Sangaris, selon qui il n’y a pas eu en tant que tel de « progression vers l’Est » des anti-balaka, mais plutôt l’apparition de milices dans des régions qui n’en avaient pas connu au début de la crise.
« Petites lunettes sous son casque lourd, le lieutenant Sébastien conduit ses hommes dans le quartier de Combattant, non loin de l’aéroport. »
Patrouille nocturne avec Sangaris à Bangui 05/12/2014 - par Olivier Fourt
French.china.org.cn 05-12-2014
Au moins quatre personnes ont été tuées et plus d'une douzaine d'autres blessées dans des violences survenues mercredi à Bambari, une ville du Centre de la République centrafricaine (RCA), annoncent dans un communiqué publié jeudi soir les Nations Unies, un bilan revu à la hausse par ex-rebelles de la Séléka qui ont fait état à Xinhua de 10 morts.
"La ville de Bambari a été de nouveau le théâtre de violences graves et aveugles faisant de nombreuses victimes, y compris au moins quatre morts, plus d'une douzaine de blessés et des maisons brûlées", souligne le communiqué de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) parvenu à Xinhua.
La MINUSCA se dit "particulièrement préoccupée par la nature intercommunautaire des ces violences", sans préciser les circonstances, ni les parties impliquées et ni même la date de ces événements, signalés dans le principal fief aujourd'hui des ex- rebelles de la Séléka, qui y sont établis depuis plusieurs mois par leur chaîne de commandement dirigée par le général Joseph Zoundéko.
D'après ces ex-rebelles, il s'agit de heurts ayant opposé mercredi les populations chrétiennes et musulmanes de Bambari après l'assassinat d'un jeune chauffeur de moto issu du second groupe par des miliciens chrétiens anti-Balakas, partisans de l'ex- président François Bozizé.
Pour se venger, la famille de la victime a mené ses représailles qui ont fait "10 morts et plusieurs blessés" parmi les communautés chrétiennes de la ville, a rapporté le général Zoundéko, joint vendredi matin par Xinhua.
"La situation est revenue au calme depuis hier, mais les chrétiens désertent leurs maisons pour se réfugier dans les camps de la MINUSCA et de Sangaris (force française)", a-t-il précisé en outre.
La MINUSCA est opérationnelle depuis la mi-septembre, soit moins d'un an après le déploiement en décembre 2013 de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) constituée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) sous l'égide de l'Union africaine (UA), appuyée par la force française Sangaris et la force européenne Eufor.
Parmi ses missions, elle est chargée de veiller à la protection des civils et de la surveillance du respect des droits de l'homme. Mais, accuse le général Joseph Zoundéko, "la MINUSCA et Sangaris disent qu'ils sont venus protéger les populations civiles. Quand il y a une attaque comme celle que nous déplorons, on ne les voit pas. Je n'arrive pas à comprendre leur jeu".
La mission de paix onusienne a toutefois condamné dans son communiqué de presse "cette recrudescence de la violence qui jure avec les progrès observés ces dernières semaines dans la ville de Bambari". Elle rappelle, poursuit le texte, que "ces crimes représentent de graves violations des droits de l'homme et ne resteront pas impunis".
Mardi, un présumé sergent des ex-Forces armées centrafricaines (FACA) a été tué mardi soir dans la même ville par un ex- combattant de la Séléka.
Source: Agence de presse Xinhua
APA-Bangui (Centrafrique) - 2014-12-05 14:48:48 La directrice générale de l’Energie centrafricaine (ENERCA), Marguerite Koffio, a, face aux plaintes des populations concernant les délestages observés à l’Hôpital de l’Amitié de Bangui, déploré une telle situation, soulignant toutefois qu’elle est la conséquence d’une trop forte demande de courant causée par les branchements clandestins.
‘'En principe on ne doit pas délester les hôpitaux. Mais par contraintes d'exploitation, nous sommes obligés de le faire'', Marguerite Koffio, lors d'une conférence de presse donnée vendredi.
‘' C'est vrai, ces hôpitaux ont des difficultés dans leurs programmation. Et le délestage en milieu hospitalier peut mettre en péril la vie humaine'', a-t-elle indiqué, soulignant que le retrait précipité du courant électrique dans les secteurs procèdent des branchements illicites qui occasionnent le plus souvent la surcharge sur les transformateurs.
‘'Ceci, nous le faisons sans pour autant savoir qu'il y a tel ou tel travail qui se fait au niveau de l'hôpital'', a affirmé Mme Koffo non sans relever : ‘'Le vol de courant électrique dans l'arrondissement nous a désaxés. Donc on ne maitrise pas la consommation et comme conséquence la charge augmente et le transformateur est en difficulté''.
‘'Nous sommes en train de sensibiliser certaines personnes identifiées pour les convaincre à aller s'abonner à l'Enerca'', a indiqué la maire du 4è arrondissement, Brigitte Andara , présente à la conférence de presse.
http://www.apanews.net/news/fr/article.php?id=811477#sthash.U0FbE2ro.dpuf
http://www.la-croix.com 5/12/14 - 12 H 18
Retour sur ces forces complexes qui s’opposent en Centrafrique, un an après le lancement des opérations françaises, le 5 décembre 2013.
La Séléka
La Séléka est une alliance de mouvements rebelles issus du nord-est du pays, zone à majorité musulmane et marginalisée par Bangui. Dans sa marche pour la conquête du pouvoir, de décembre à mars 2013, la Séléka a pillé, brûlé et tué sur son passage, visant en premier lieu les biens des chrétiens (environ 80 % de la population).
Après avoir renversé François Bozizé à Bangui en mars 2013 et mis l’un des siens au pouvoir, Michel Djotodia, elle a poursuivi ses exactions dans la capitale centrafricaine jusqu’à l’intervention française, le 5 décembre 2013.
Après la démission de Michel Djotodia, en janvier 2014, les forces de la Séléka se sont principalement repliées à l’est. Le 10 mai, la Séléka a installé son nouvel état-major à Bambari. Elle serait aujourd’hui divisée entre ceux qui souhaitent la partition du pays et ceux qui s’y opposent.
Les anti-balaka
Les anti-balaka sont au départ une constellation de milices d’auto-défense villageoises apparues en septembre 2013 en réaction aux exactions de la Séléka. On trouve aussi parmi elles d’anciennes milices formées et armées par François Bozizé en janvier 2013 pour lutter contre les avancées de la Séléka.
Parmi les anti-balaka, on compte aussi des éléments des Forces armées centrafricaines (Faca, l’armée restée fidèle au président renversé François Bozizé). Et enfin, on y trouve aussi des voyous qui profitent du désordre pour piller et tuer les plus vulnérables.
Les anti-balaka sont issus des populations du sud et de l’ouest de la RCA. Venant des régions où les chrétiens sont majoritaires, on les identifie à des milices chrétiennes. En réalité, ce sont des groupes qui obéissent souvent à des chefs animistes.
Laurent Larcher
5/12/14 - 16 H 14 - Mis à jour le 5/12/14 - 16 H 14
Général Vincent Desportes, professeur associé à Sciences-Po Paris.
Quel bilan faites-vous de l’opération Sangaris, déclenchée il y a un an ?
Vincent Desportes : Selon les objectifs que nous nous étions fixés, il y a un an, Sangaris devait arrêter les massacres perpétrés à Bangui et sur l’ensemble du territoire. Cette opération devait aussi restaurer le vivre ensemble entre les communautés. La mission, enfin, devait être courte. Nous sommes loin d’avoir atteint ces objectifs.
Si l’opération française a effectivement amélioré la situation sécuritaire à Bangui, cela s’est fait au prix d’une épuration ethnique, qui s’est traduite par le départ massif des musulmans de la capitale, par la ghettoïsation de ceux qui restent au Km 5, et par la coupure du pays en deux : avec au nord est, une zone refuge pour les musulmans sous le contrôle de la Séléka. Un an après, la force Sangaris ne s’est toujours pas désengagée.
Quelles sont les raisons de cet échec ?
V.D. : Si la force projetée n’est pas adaptée aux caractéristiques géographiques et humaines du théâtre d’opération, la mission n’a aucune chance d’être remplie. C’est exactement ce qui s’est passé en Centrafrique (RCA). Dans des pays plus petits et pour un volume de population à peu près similaire – je pense à la Bosnie ou au Kosovo –, nous avons projeté plus de 40 000 hommes pour parvenir, difficilement et au bout de plusieurs années, à un résultat qui n’était pas non plus exactement celui escompté. L’effet pervers de l’envoi d’une force limitée – 1 600 hommes – a été que, au lieu de conduire les missions de manière parallèle contre les différentes factions, les forces françaises ont été obligées de les mener de façon séquentielle. Ce qui s’est traduit, sur le terrain, par une prise de position de fait en faveur des anti-balaka (les Chrétiens), le temps de repousser la Séléka.
La plus grosse erreur n’a cependant pas été d’envoyer une force sous-dimensionnée, mais de ne pas avoir su réagir à l’évolution de l’action. Il faut bien voir que l’envoi même de l’armée française a eu comme premier effet de multiplier les exactions et les actes de barbarie dans Bangui. Il eût été raisonnable de réagir immédiatement et d’envoyer des effectifs et des moyens blindés et aéroportés nettement plus importants, capables d’étouffer tous les foyers de violence en même temps. Les blindés et les hélicoptères pour un théâtre d’opération aussi grand que la France et la Belgique réunies, ont toujours manqué. Les résultats obtenus sont à l’échelle des moyens engagés.
Les militaires et les politiques français n’ont-ils pas sous-estimé les forces en présence ?
V.D. : Tout choix stratégique est un pari. Le nôtre était de mettre quelques centaines de soldats au sol pour égailler les groupes armés dans la nature. Nous avions aussi compté sur l’appui des forces africaines, sur la projection rapide d’une force européenne et d’une force onusienne. Ce qui ne s’est pas fait. Il y a eu sans doute, une erreur d’évaluation.
Mais notre faute stratégique, c’est de ne pas avoir su réagir après avoir perdu notre pari. Nous aurions dû changer notre mode opératoire en envoyant des renforts et du matériel. François Hollande ne l’a pas voulu, commettant un déni de réalité. Un an plus tôt, il avait déjà refusé d’intervenir pour arrêter les colonnes de la Séléka en route pour Bangui. Pourtant, cela aurait été beaucoup plus efficace et moins coûteux que de se lancer, dix mois plus tard, dans une mission d’interposition en milieu urbain.
La France avait-elle les moyens de faire autrement ?
V.D. : Cette mission a été élaborée en fonction de l’enveloppe budgétaire dévolue aux opérations extérieures qui est de 450 millions d’euros que l’on ne devait pas trop entamer. La première contrainte pour la force, n’est ni l’adversaire, ni l’objectif opérationnel mais l’enveloppe budgétaire volontairement sous-dimensionnée. C’est aberrant, irresponsable ! Tant que le budget de l’armée française sera la variable d’ajustement du ministère des finances, alors qu’en même temps, le pouvoir politique multiplie nos engagements extérieurs, une mission comme celle de la Centrafrique sera au-dessus de nos moyens.
RECUEILLI PAR LAURENT LARCHER
http://www.la-croix.com 5/12/14 - 12 H 10
Un an après le lancement de l’opération française en Centrafrique, le 5 décembre 2013, une mission qui devait être courte et efficace, le bilan est mitigé.
Samedi 7 décembre 2013, François Hollande préside la conférence de presse de clôture du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique, à Paris. L’avant-veille, le jeudi 5 décembre, la France a engagé l’armée en Centrafrique.
Nom de code de l’opération : Sangaris, du nom d’un papillon centrafricain. Devant la presse nationale et internationale, le président français détaille l’opération. Une mission « rapide, efficace » qui devra « désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations », afin de « retrouver la stabilité, et permettre le moment venu des élections libres et pluralistes ».
Et d’affirmer, confiant : « Dans un délai je crois court, nous pourrons faire cesser toutes les exactions et les massacres. » Paris engage 1 600 soldats dans cette opération pour un pays aussi grand que la France et la Belgique. Au printemps, l’effectif monte à 2 000.
Le pays est coupé en deux
Les promesses élyséennes ont-elles été tenues ? Un an plus tard, les forces françaises sont toujours là. Les exactions et les massacres n’ont pas cessé. Et les groupes armés n’ont pas tous été désarmés.
Par ailleurs, l’immense majorité des musulmans ont quitté Bangui et l’ouest du pays. Leurs maisons, leurs commerces, leurs mosquées ont été pillées, détruits et souvent totalement rasés.
La Centrafrique est désormais coupée en deux grandes parties. Le nord est sous le contrôle de groupes plus ou moins liés à la Séléka (le mouvement se fractionne en sous-groupes hostiles). Le sud, l’ouest et le centre sont entre les mains de groupes armés rivaux, plus ou moins liés à la galaxie anti-Balaka.
A Bangui, les musulmans vivent retranchés
Aucune avancée, donc ? Non, bien entendu. En termes de sécurité, la vie quotidienne des Centrafricains s’est nettement améliorée dans la capitale : la vie a repris sous toutes ses formes… sauf pour les musulmans, enfermés dans le réduit de PK5.
L’activité économique du pays a redémarré. Parmi les choses nouvelles dans les rues de Bangui, les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca) et les soldats de la force européenne (Eufor RCA). Les premiers sont 6 500, les seconds, 750.
« Nous avons rempli la mission, nous avons été efficaces malgré la situation extrêmement difficile à laquelle nous avons été confrontés dès les premiers jours de l’opération », analyse le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major des armées françaises.
« favoriser le retour des humanitaires »
Une mission dont les buts, un an après, ne sont cependant plus du tout formulés dans les mêmes termes que ceux présentés par François Hollande le 7 décembre 2013. « Nous avions deux objectifs : restaurer une sécurité minimale en Centrafrique et faciliter la montée en puissance et le déploiement opérationnel de la Misca, de la communauté internationale », explique le colonel Jaron.
Que faut-il entendre par « restaurer une sécurité minimale » en RCA ? « Pour nous, répond-il, c’était enrayer la spirale des exactions telles qu’elles se produisaient à Bangui et dans le pays. Et favoriser le retour des humanitaires. » Sur le second point, « sans Sangaris, il n’y aurait pas de Minusca présente aujourd’hui en RCA ».
L’opération a été éprouvante pour les soldats, admet le colonel Jaron : « Ils ont été confrontés à un niveau de violence inouï. » Trois soldats ont perdu la vie, une centaine, blessés, « beaucoup par des éclats de grenades », ces grenades chinoises que l’on achète 50 centimes d’euro au marché. L’opération s’est déroulée dans une zone hautement paludéenne : « 260 de nos soldats ont attrapé le paludisme », regrette Gilles Jaron.
« Nos ordres ? Ne pas mettre le feu aux poudres »
De retour de RCA, le moral des soldats français ne semble pas exactement au beau fixe : vétusté et manque de matériel, effectifs trop modestes, sentiment d’impuissance.
« Nos ordres ? Ne pas mettre le feu aux poudres, éviter les clashs afin de ne pas refroidir l’engagement de l’ONU en RCA, témoigne un officier. Là où j’étais déployé, nous savions qui était qui, où se trouvaient les chefs de guerre, les caches d’armes, les combines par lesquelles les armes leur arrivaient. Au lieu de faire vraiment le job, nous avons toujours été en mode mineur vis-à-vis de ces groupes. »
Parmi les jugements les plus sévères portés sur Sangaris, celui du général Vincent Desportes : « Si la force projetée n’est pas adaptée aux caractéristiques géographiques et humaines du théâtre d’opérations, la mission n’a aucune chance d’être remplie. C’est exactement ce qui s’est passé en Centrafrique. »
LAURENT LARCHER
Alain Barluet le Figaro 04/12/2014 à 21:59
«La mission a été accomplie. Un palier sécuritaire a été atteint. Des pics de violences subsistent mais la solution n'est plus seulement militaire.» Ainsi résumée à l'état-major des armées, la situation en République centrafricaine (RCA) traduit un bilan en demi-teinte où le pire, toutefois, a été évité. Le 5 décembre 2013, lorsque la force militaire française «Sangaris», mandatée le jour même par l'ONU, intervient en urgence en RCA, le pays est en train de glisser vers le chaos. La spirale des violences intercommunautaires est en marche, née du renversement du régime de François Bozizé, en mars 2013, par une coalition rebelle à dominante musulmane, la Séléka, dirigée par Michel Djotodia. Au fil des mois, les exactions des combattants Séléka contre la population majoritairement chrétienne ont suscité la formation de milices d'autodéfense, les Anti-Balaka, qui s'en sont pris aux civils musulmans. À Paris et à Washington, on parle d'une «situation prégénocidaire». Un désastre humanitaire se profile. Plus de 120.000 déplacés campent sur l'aéroport M'Poko à Bangui.
À Paris, on évoque alors une opération «coup de poing» permettant de rétablir rapidement un niveau de sécurité minimal. Il s'agit aussi de favoriser la montée en puissance d'une force africaine, la Misca, puis d'une mission de l'ONU, la Minusca, qui a pris le relais en septembre dernier. De fait, le processus s'est avéré plus difficile et plus long que prévu initialement. Éruptions subites de violence, manifestations de «civils» évoluant, en un rien de temps, en prises à partie de haute intensité, avec des armes de guerre, provocations, instrumentalisations par des meneurs radicaux: les 1600 soldats français de «Sangaris» (renforcés à 2000 en février) sont confrontés à une palette sécuritaire extrême et volatile. Aujourd'hui encore, dans les zones les plus sensibles, «la variation des rapports de force est permanente. En une semaine, tout peut s'inverser», relève une source militaire.
Stabilisation
D'abord centrée sur Bangui, la force «Sangaris» - qui n'échappera pas, un temps, aux accusations de parti pris en faveur de l'un ou l'autre camp -, oriente ensuite ses opérations en direction de l'ouest. De février à septembre, elle concentre ses efforts sur la sécurisation de l'axe routier vital reliant la capitale à la frontière du Cameroun. Entre-temps, depuis avril, elle se déploie vers l'Est, fief des ex-Séléka, où surviennent régulièrement des vagues de violences, notamment à Bambari. Outre la capitale, c'est dans cette région Est que l'instabilité subsiste et que «Sangaris» concentre son action, à la fois dans le «couloir central» du pays (Bangui-Bouca-Batangafo) et dans un triangle formé par les villes de Dékoa, Sibut et Bambari.
Au ministère de la Défense, on met en avant cette stabilisation et «l'émergence de signaux faibles de reprise» dans le pays. De nombreuses armes ont été saisies et 14 tonnes de munitions détruites. Le nombre de déplacés se serait réduit de moitié. Un redéploiement de l'administration s'esquisse dans un pays où l'État avait déserté. Mais le mouvement reste ténu. Le retour à une certaine forme - précaire - de stabilité s'est fait au prix d'une partition de facto du pays. Plus encore, les lignes de fractures, loin d'être binaires, fragmentent chaque camp en une multitude de groupes et de clans, politisés, communautaires ou parfois simplement criminels. «Il n'y a pas une Centrafrique mais des Centrafrique», disait le général Francisco Soriano, l'ex-patron de «Sangaris».
Le général Éric Bellot des Minières, qui lui a succédé en juin dernier, a confirmé jeudi la perspective d'un désengagement des forces françaises, estimant que le pays est en voie de «normalisation». Les étapes de ce retrait n'auraient toutefois pas encore été décidées. Le mouvement se fera parallèlement au plein déploiement de la Minusca (7500 soldats actuellement sur les 10.000 prévus). L'Union européenne maintient également une force de 700 hommes (dont 260 militaires et gendarmes français). Tout en diminuant ses effectifs, la France va «densifier ses capacités» pour réagir très rapidement, si besoin. Des blindés dernière génération, les VBCI, et des hélicoptères d'attaque Tigre, doivent bientôt faire leur apparition sur le «théâtre» centrafricain.
Le budget de la Défense rejeté par le Sénat
Le Sénat a rejeté le budget de la Défense pour 2015, nombre d'orateurs de l'opposition jugeant les crédits insuffisants au regard des missions de l'armée. Au total, 195 sénateurs ont voté mercredi soir contre les crédits de la mission Défense - soit 29,1 milliards d'euros pour 2015 - et 125 pour. Ce budget prévoit notamment des recettes exceptionnelles (2,3 milliards d'euros), jugées irréalistes par certains sénateurs. «Nous ne pouvons croire à l'équation budgétaire qui nous est présentée», a déclaré le président de la commission des affaires étrangères et de la défense, Jean-Pierre Raffarin. L'Assemblée nationale aura le dernier mot.
REUNION DE L’ALLIANCE PROGRESSISTE
LISBONNE (PORTUGAL) 4-5 DECEMBRE 2014
INTERVENTION DE MARTIN ZIGUELE, PRESIDENT DU MOUVEMENT DE LIBERATION DU PEUPLE CENTRAFRICAIN (MLPC) DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
L’EDUCATION ET LE TRAVAIL DECENT, SEULS REMEDES CONTRE L’INSTABILITE POLITIQUE ET LES GUERRES CIVILES EN AFRIQUE :
LE CAS DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Depuis une dizaine d’années, l’Afrique connait une croissance économique soutenue, estimée à environ 5% par an. Malheureusement à ce jour, cette croissance n’a permis de réduire ni la pauvreté, ni le chômage et encore moins le sous-emploi. L’incapacité des Etats africains à s’attaquer au chômage en général, et à celui des jeunes en particulier, fragilise les populations tout en les maintenant dans la pauvreté.
Cette situation de paupérisation générale est à la source des tensions politiques et sociales comme on a pu le constater au Maghreb en 2011, avec le Printemps arabe, dont l’un des facteurs aggravant était bien le chômage des jeunes, puis au mois de novembre dernier au Burkina Faso. Les contestations politiques violentes des pouvoirs en place est d’abord le fait d’une jeunesse exclue des bénéfices d’une croissance économique non redistributrice, notamment en matière de travail décent et d’éducation.
Ces deux événements, situés dans deux zones distincts de l’Afrique, ont en commun l’absence de perspective d’emploi décent et donc d’avenir pour des jeunes qui sont par exemple très souvent obligés, à plus de trente ans d’âge, de continuer à vivre souvent chez leurs parents, soulignant ainsi la carence de politiques volontaristes en matière d’éducation et d’emploi dans la quasi-totalité de nos Etats africains.
Quels sont les pays africains qui donnent réellement une chance à leurs jeunes pour faire des études tournées vers la valorisation des énormes potentialités locales ?
Quels sont les pays africains qui ont de vraies politiques d’emploi décent en direction de la population même éduquée ?
A-t-on besoin de faire des études sophistiquées pour constater que le taux élevé de chômage des jeunes constitue un facteur de déstabilisation pour les pays, dans la mesure où ces jeunes deviennent le premier réservoir de main -d’œuvre pour les entrepreneurs des rebellions armées ?
A-t-on besoin de mener des profondes réflexions pour constater que les jeunes non éduqués sont les premières victimes des manipulateurs de conscience qui font facilement d’eux des rebelles armés pour des causes improbables ?
Pour en revenir à mon pays la République centrafricaine, située en plein cœur de l’Afrique la crise que nous y vivons actuellement résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs dont les principaux sont la pauvreté causée par un chômage massif de la population en général et celui des jeunes en particulier, ainsi que de déficits importants en matière d’éducation décente.
Certes c’est depuis notre indépendance en 1960 que nous vivons dans notre chair cette instabilité politique, jalonnée d’une succession de coups d’état, de tentatives de coup d’état, et de rébellions armées- à l’exception de l’unique alternance démocratique de 1993 grâce à la victoire électorale de notre parti le MLPC- et que le recours à la force s’est imposé comme « le mode ordinaire d’accession et de maintien au pouvoir ».
Certes les régimes autoritaires successifs issus de ces prises illégales de pouvoir ne se sont guère préoccupés de développer des programmes d’éducation et d’emploi décent, préférant dérouler des stratégies d’enrichissement personnel des dirigeants et de leur clientèles politico-ethniques.
Cependant, force est de constater que la dernière crise en date que nous continuons de subir depuis décembre 2012a complètement déstructuré le tissu social, économique et politique de notre pays, mettant en péril l’harmonie qui a toujours existé entre les populations.
Cette crise est aussi le point d’achèvement de plusieurs décennies d’échec d’un pays sans véritable politique d’emploi décent pour ses populations de tous âges et notamment des jeunes, avec de surcroit un système d’éducation obsolète et inadapté aux défis des temps modernes.
Qualifié du terme peu flatteur d’Etat failli, mon pays doit envisager une sortie de crise par la mise en place de nouvelles institutions étatiques démocratique, légitimes et solides, où l’impunité ne sera plus tolérée mais également où les problématiques d’éducation et d’emploi devront être prioritaires. C’est à ce prix que l’Etat recréera auprès des citoyens le sentiment de partage des mêmes opportunités, et donc d’un destin commun, indispensable pour cimenter la République.
Arrêter la spirale de violence aujourd’hui en cours est une nécessité, mais pour enraciner les fondements d’une paix sociale et civile durable, il nous semble que deux voies sont non seulement prioritaires mais pertinentes : investir dans l’éducation et dans la création d’emplois décents.
Selon les chiffres de la Banque Mondiale, en 2010 le taux d’alphabétisation en Centrafrique des enfants de 15 ans et plus était de l’ordre de 56%. Ce chiffre reste très en deçà de la moyenne africaine.
Des politiques courageuses et volontaristes devront être menées pour que le Centrafrique atteigne un niveau d’éducation acceptable, et pour cela les budgets alloués aux infrastructures éducationnelles doivent rester compatibles avec nos engagements internationaux en la matière. De même, l’éducation doit être en adéquation avec les attentes du marché, pour éviter de produire des diplômés chômeurs puisque selon les chiffres du PNUD en 2009, seuls 25% de diplômés de l’enseignement supérieur en Centrafrique trouvaient un emploi de cadre, 50% occupant un emploi sous-qualifié par rapport à la formation reçue, et enfin 25% restent au chômage.
Concrètement, s’agissant du Centrafrique, quelques pistes devraient être explorées :
L’éducation décente est l’instrument par excellence de la cohésion sociale, seule capable de contribuer à la paix et à la construction de l'État. L’éducation permet à chaque citoyen de développer des aptitudes, des compétences et des comportements, qui préviennent la violence et privilégient la résolution pacifique des conflits.
Il n’existe pas de statistiques de chômage en Centrafrique, à ma connaissance. Si elles existent elles ne sont pas publiées à intervalles réguliers, comme sous d’autres latitudes. Cela signifie que le chantier de l’emploi est immense, si nous convenons tous que la création d'emplois décents et viables, notamment pour les jeunes, constitue une condition préalable au développement durable et à la paix dans tous les pays.
À long terme, l’accès à des emplois stables et convenablement rémunérés permet aux ménages d’investir encore davantage dans l’éducation, la santé et l’alimentation. L’investissement dans le capital humain contribuera à améliorer la productivité et la performance économique générale avec, à long terme, un effet multiplicateur sur la demande de travail
Des actions précises doivent être mises en œuvre, pour créer des emplois décents :
Conclusion
L’une des causes principales des crises récurrentes en Centrafrique est la pauvreté. Pour endiguer ces conflits, il faut réduire considérablement cette pauvreté. Cela passe nécessairement par l’éducation et les emplois décents à offrir aux jeunes.
Une amélioration radicale de l’éducation constitue un préalable à l’établissement d’un niveau de croissance durable suffisamment élevé pour réduire la pauvreté et aider à l’instauration de sociétés plus intégratrices, démocratiques et équitables.
Dans l’histoire, il n’y a pas d’exemple de pays qui soient parvenus à un stade élevé de développement avec des taux d’alphabétisation des adultes et de couverture de l’enseignement de base aussi faibles que ceux affichés par la majorité des pays d’Afrique subsaharienne. Pour répondre à cet état de fait, il reste à la plupart des pays d’accroître l’accès à l’éducation primaire, surtout pour les pauvres et les populations des zones rurales et péri-urbaines.
Il faut également promouvoir des politiques publiques qui encouragent les investisseurs privés et favorisent la montée du secteur privé dynamique et performant. Sur un continent où près de 60% de la population a moins de 25 ans, faisons de l’éducation et de l’emploi des jeunes notre cheval de bataille, car c’est à ce prix que nous pourrons gagner le pari du développement. Sinon l’avenir de nos pays sera toujours jalonné de « bombes à retardement » susceptibles d’exploser au contact de la moindre étincelle sociale.
Mon parti et moi-même allons aux élections l’année prochaine en RCA et tel est le substrat de notre crédo politique.
Je vous remercie
Martin ZIGUELE
Par RFI 05-12-2014 à 23:57
Il y a tout juste un an, la France lançait l'opération Sangaris en Centrafrique, une intervention destinée à mettre fin aux violences. Un an après, la situation a radicalement changé. A Bangui, la capitale de la RCA, la vie a repris. Les humanitaires s’inquiètent néanmoins de la sécurité sur les routes de l'intérieur du pays. Elles restent encore peu sûres, ce qui entrave leur action.
Un an après le lancement de l'opération Sangaris, la situation à Bangui a radicalement changé. La vie a repris, même si la capitale n'est pas encore a l'abri de rechutes. Pour Claire Bourgeois, la coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU en RCA, la réduction du nombre de personnes déplacées est un bon indicateur de l'amélioration de la situation.
« Il y a encore énormément à faire mais le nombre de personnes déplacées, qui était autour de 400 000 en janvier-février 2013, est actuellement à moins de 60 000 autour de Bangui », explique Claire Bourgeois à RFI. « La vie a repris : les écoles ont rouvert pour la majorité, les services de santé reprennent également, les marchés ouvrent… La situation à Bangui est absolument différente de ce qui prévalait il y a un an », poursuit-elle. « Il faut savoir que 70% des gens actuellement encore déplacés viennent du 3e arrondissement de la capitale. Ces personnes sont prêtes à rentrer chez elle si la sécurité est rétablie dans leur quartier. J’ai bon espoir que le nombre de gens qui vont rentrer va encore fortement augmenter. »
L'insécurité des routes entrave l'action des humanitaires
Mais si la vie a pu reprendre à Bangui, les routes de l'intérieur du pays restent encore peu sûres. Cette insécurité entrave l'action des humanitaires. « Ce qui nous préoccupe beaucoup, sur le plan humanitaire, c’est l’accès. Sur certains axes, les humanitaires sont malheureusement arrêtés par des groupes, des gangs, des coupeurs de route. Des paiements sont demandés, des téléphones portables sont pris ou bien ce sont des vols sur les convois alimentaires ou d’autres convois d’assistance humanitaire », rapporte la coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU en RCA.
« Sur certains axes, cela prend une ampleur telle que l’accès est vraiment limités pour les humanitaires. Nous travaillons avec les autorités et les préfets pour qu’ils puissent intervenir autour de ces bandes. Nous travaillons également avec les forces pour avoir plus de patrouilles mais en tant qu’humanitaires nous refusons toutes escortes. Il faut que notre assistance soit vraiment comprise par tous. C’est une assistance pour tous, impartiale et neutre, pour laquelle le libre passage doit être assuré », explique Claire Bourgeois.
BANGUI, République Centrafricaine, 5 décembre 2014/African Press Organization (APO)/ -- Après de longs mois de tensions en République centrafricaine, les défis humanitaires dans le pays sont énormes et s'aggravent de jour en jour. Dans ces conditions, les efforts déployés pour y faire face sont loin d'être suffisants. C'est pourquoi la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et la Société de la Croix-Rouge de la République centrafricaine appellent à renforcer avant qu'il ne soit trop tard l'assistance en faveur des communautés vulnérables du pays.
La situation actuelle est dramatique. A cause de l'insécurité et du manque de soutien, le personnel humanitaire est dans l'incapacité d'assurer des services efficaces et constants dans de nombreuses régions. Beaucoup de centres de santé du pays souffrent depuis des mois de graves pénuries de médicaments essentiels. L'économie elle-même n'a pas été épargnée, les prix ayant grimpé de plus de 40% au cours de l'année pour certains produits de base, rendant plus précaires encore les conditions d'existence de certaines communautés.
«Notre objectif est de couvrir tout le territoire», déclare Jean-Moise Modessi Mogedo, qui dirige l'unité de gestion des catastrophes à la Croix-Rouge centrafricaine. «Nous devons redoubler d'efforts pour faire en sorte que tous les gens comprennent bien qui nous sommes et quels sont nos objectifs, de manière à pouvoir opérer dans un environnement plus sûr et toucher les plus vulnérables.»
Issus des communautés qu'ils servent, les volontaires de la Croix-Rouge sont en première ligne de la réponse depuis le tout début de la crise et interviennent dans des secteurs où ils sont les seuls à pouvoir accéder ? ce qui ne les prémunit pas, hélas, contre la violence. En août, un volontaire de la Croix-Rouge centrafricaine a été tué alors qu'il secourait des personnes dans le besoin. Un autre avait subi le même sort en mars dernier.
«Avant le début des troubles, la situation dans notre pays était déjà très précaire à bien des égards», note Antoine Mbao Bogo, président de la Société nationale de la Croix-Rouge. «A présent, nous sommes plongés dans une catastrophe silencieuse de grande envergure. Les besoins humanitaires sont énormes et nécessitent un renforcement considérable des ressources pour apporter une réponse adéquate. C'est une question de vie ou de mort pour des centaines de milliers de personnes qui souffrent depuis beaucoup trop longtemps déjà», souligne le président.
De fait, la situation humanitaire en République centrafricaine devient chaque jour plus complexe, le nombre des habitants chassés de leurs foyers continuant d'augmenter sans aucune perspective de retour dans un proche avenir. On estime aujourd'hui à plus de 410 000 la population des personnes déplacées accueillies par des familles hôtes ou hébergées dans des camps. Rien qu'à Bangui, une quarantaine de sites abritent plus de 60 000 personnes au total. De plus, cette catastrophe silencieuse ne s'arrête pas aux portes du pays: avec une population de réfugiés presque équivalente à celle des déplacés à l'intérieur des frontières, les pays environnants sont confrontés eux aussi à de sérieuses difficultés. En bref, la crise n'est plus seulement nationale, mais régionale.
«Certes, il est crucial de maintenir et même d'intensifier nos efforts pour juguler l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, mais nous avons aussi une responsabilité collective d'apporter une réponse appropriée à d'autres crises majeures, qui sont peu à peu tombées dans l'oubli au cours des derniers mois», déclare Alasan Senghore, directeur de la Zone Afrique à la FICR. «Nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner la population centrafricaine à son sort.»
La FICR a révisé son appel d'urgence à hauteur de 10,5 millions de francs suisses afin de soutenir les opérations de la Société de la Croix-Rouge de la République centrafricaine. A ce jour, l'appel n'est couvert qu'à 12%, ce qui menace sérieusement la capacité de cette organisation à assurer durablement les services vitaux dont le pays a cruellement besoin.
PARIS, France, 5 décembre 2014/African Press Organization (APO)/ -- L'intervention des forces armées françaises autorisée le 5 décembre 2013 par la résolution 2127 des Nations-Unies devait permettre de désarmer les groupes auteurs de violence à travers la République centrafricaine. 1 an après, la République centrafricaine est toujours en proie à la violence des armes.
L'ambition de désarmement des groupes armés ne s'est pas concrétisée. Des foyers de violences sont toujours actifs, des hommes en armes sillonnent toujours le pays. L'insécurité demeure le quotidien des habitants de certains quartiers de Bangui, la capitale, et de certaines provinces où les groupes rivaux s'affrontent et les bandes criminelles sévissent. Les premières victimes de ces violences ont toujours été et sont encore les civils, des populations et communautés agressées qui vivent dans la crainte. La situation humanitaire demeure alarmante, 2.5 millions de personnes ont besoin d'assistance.
L'insécurité alimentaire, la sous-nutrition ainsi que les conditions d'accès à l'eau demeurent une préoccupation première. Près de 30 % de la population du pays est actuellement en insécurité alimentaire sévère ou modérée, soit environ 1.4 million de personnes. Les personnes victimes ou témoins de violences souffrent également de grands stress et de chocs psychologiques qui demandent une prise en charge spécifique.
Dans ce contexte, l'accès aux populations et la délivrance de l'aide sont un défi grandissant. L'action des acteurs humanitaires est de plus en plus fréquemment entravée par des groupes armés, qui intimident, menacent et rackettent les populations et les travailleurs humanitaires qui leur viennent en aide.
L'insécurité accrue des travailleurs humanitaires est également le fruit d'une confusion des rôles entre militaires et humanitaires. Action contre la Faim déploie des programmes d'urgence humanitaire sur différentes zones en RCA, dont Bangui, Bossangoa et Sibut.
L'ONG rappelle que la mission et le mandat auxquels elle souscrit sont ancrés dans un socle de neutralité, d'impartialité et d'indépendance de toute partie à la crise.
Elle intervient et porte assistance dans le cadre de son expertise à toutes les populations vulnérables après une évaluation des besoins concrets, sans distinction de genre ou d'appartenance réelle ou supposée à une communauté quelle qu'elle soit.
L'instabilité que traverse la RCA depuis 1 an a également jeté sur la route des centaines de milliers de personnes. On compte aujourd'hui 430 000 déplacés internes et 420 000 réfugiés dans les pays limitrophes.
Plus de 250 000 réfugiés ont ainsi traversé la frontière vers le Cameroun depuis mars 2014.
Action contre la Faim a ouvert une nouvelle mission au Cameroun dès juillet 2014, en réponse à l'afflux de réfugiés fuyant les violences et l'instabilité en Centrafrique.
Les équipes de l'ONG portent assistance aux populations déplacées et traumatisées, mais aussi aux populations hôtes qui sont impactées par l'arrivée en catastrophe de milliers de familles. La pression s'accroit sur les ressources disponibles ainsi que sur les points d'eau. Les conditions d'hygiène des territoires d'accueil appellent une réponse concertée autour des questions d'accès à l'eau et à l'assainissement quand des premiers cas de choléra ont déjà été répertoriés dans l'est du pays.
Le long de la frontière Cameroun/RCA, Action contre la Faim met en place des programmes fixes et mobiles dans le cadre d'une réponse d'urgence en nutrition, santé mentale et pratique de soins ainsi qu'en eau, hygiène et assainissement. Ces actions permettent de réduire certaines difficultés et participent à apaiser les tensions qui pourraient naître entre réfugiés et villageois.
Les besoins humanitaires urgents des populations réfugiées ne doivent pas affecter le premier élan d'accueil des populations hôtes au risque de voir éclater des violences autour des questions de survie des uns et des autres. La question du retour des centrafricains dans leurs foyers ne pourra être envisagée sans des garanties tangibles et pérennes de leur sécurité en RCA.
http://www.egaliteetreconciliation.fr Revue de presse 2014 décembre
Le 5 décembre 2013, le président Hollande lançait l’opération Sangaris en Centrafrique, un pays déstabilisé par la prise du pouvoir, six mois plus tôt, par la coalition de la Séléka. Cette dernière, coupable d’exactions contre les populations chrétiennes, était alors aux prises avec les milices anti-balaka, reformées en réaction à ces violences. En outre, certaines d’entre-elles étaient – et le sont encore – manipulée par le clan de François Bozizé, le président centrafricain déchu.
Plusieurs raisons ont donc motivé cette nouvelle intervention française. La Centrafrique étant devenue un État failli, le risque était grand de voir se créer un vide sécuritaire susceptible de profiter à des groupes armés – jihadistes ou non – pouvant déstabiliser les pays voisins. Par ailleurs, il fallait mettre un terme au cycle violences/représailles commises par les deux camps et chercher à éviter une partition Est/Ouest du territoire centrafricain.
La force Sangaris est intervenue aux côtés de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), formée sous l’égide l’Union africaine. Seulement, dès le départ, certains experts, comme le général (2S) Vincent Desportes, estimèrent insuffisant son format (1 600 hommes). « Je travaille en fait avec les généraux de terrain, pas avec des experts qui regardent tout ça de Paris », répondit Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Finalement, les effectifs furent portés à plus de 2 000 hommes, grâce à des renforts prépositionnés au Tchad et à la mise sur pied de l’opération européenne EUFOR RCA, dont la France fut l’un des principaux contributeurs.
Aujourd’hui, la situation en Centrafrique reste préoccupante. Une mission des Nations unies, la MINUSCA, a certes été mise en place pour succéder à la MISCA et monte progressivement en puissance. Et, alors que l’opération Sangaris devait être courte (6 mois), il est désormais question de réduire ses effectifs à 1 500 hommes au printemps prochain et de la tranformer en QRF (Quick Reaction Force, force de réaction rapide) en appui des casques bleus. Le processus politique centrafricain est au point mort, le pays est coupé en deux, avec, à l’est, l’ex-Séléka, elle-même divisée en trois branches, et, à l’ouest, les milices anti-balaka. Quant à la situation sécuritaire, si les massacres de masse ont cessé, elle demeure fragile et volatile, avec des pics ponctuels de violence.
Cela étant, la mission des militaires français, qui ont perdu 4 hommes dans cette opération (2 lors d’un accrochage, 1 par accident et 1 autre par maladie) est extrêmement difficile. Dans le numéro 38 de Fantassins, le magazine publié par l’École d’Infanterie de Draguignan, les deux chefs de corps des Groupements tactiques interarmes (GTIA) qui sont entrés « en premier » sur ce théâtre ont livré leur témoignage. L’urgence était alors de faire cesser les violences à Bangui avant d’étendre les opérations au reste du pays.
1- Des plans contrariés
Chef de corps du 8e Régiment de parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) et commandant le GTIA Amarante (constitué à 90% par des unités de la 11e Brigade parachutiste), le colonel Vincent Tassel a précisé qu’il était prévue une « action de sidération, avec une sortie massive en ville et la saisie de tous les points clés afin d’empêcher tout mouvement des ex-Séléka et des milices » dès le lancement de l’opération Sangaris. Seulement, cela n’a pas été possible en raison de l’offensive lancée le 5 décembre par les anti-balakas et la réaction des ex-Séléka.
« Aussi, le mandat SANGARIS 1 a débuté, comme toutes les opérations d’entrée en premier, par une phase de coercition, contre un ennemi difficilement identifiable, au coeur des populations et en milieu urbain, suivie d’une phase de stabilisation. La présence d’un peloton blindé s’est avérée essentielle pour dissuader, voire neutraliser les ex-Séléka, équipés d’armement lourd. De même, l’escadron d’aide à l’engagement (EAE) est un outil très efficace en contrôle de zone urbain, sur les axes principaux, en raison de sa capacité à couvrir énormément de terrain et à appuyer l’infanterie débarquée » a expliqué le colonel Tassel.
2- Une situation très compliquée et dangereuse à Bangui
« L’imbrication, en zone urbaine de l’ensemble des éléments constitutifs de la crise, milices, population, ressortissants français et étrangers, forces africaines de la MISCA, organisations internationales, journalistes, pilleurs et voleurs, génère de facto une extrême complexité de la situation et une tension extrême sur le terrain pour les sections déployées », a souligné le colonel Tassel.
S’agissant plus particulièrement des difficultés et des menaces rencontrées par les militaires français, le colonel Arnaud Mettey, chef du GTIA Panthere les énumère : « multiplicité des positions de tir ennemies, difficulté pour déterminer l’origine et la cible des tirs, (…) ennemi furtif, sans signe distinctif, s’imbriquant dans la population, harcelant la force ».
Et il s’ajoute à cela la « menace particulière » de la foule africaine : « Curieuse, elle n’hésite pas à rester proche des combats, au risque de devenir victime collatérale. Il convient de la garder à distance pour se prémunir de ses accès de violence. Elle offre aussi refuge à de sombres individus, ou offre un masque aux pires exactions. Nous avons souvent du ‘fendre la foule’ pour aller secourir des victimes. Ma crainte aura été de voir un soldat happé par une foule soudainement en furie », a-t-il témoigné.
« Ainsi, le contrôle de zone et de foule est plus coercitif avec un risque important de dommages collatéraux sur la population et il faut une grande maîtrise de la force a tous les niveaux. En outre, la Force se trouve souvent démunie lorsqu’elle est confrontée à l’absence totale de système judiciaire et carcéral alors même qu’elle fait face à des crimes et délits de droit commun, notamment lors des phases de pillages et d’exactions » a ajouté le colonel Tassel.
3- Quels rapports avec la MISCA ?
Pour le colonel Tassel, les relations avec la MISCA ont été bonnes dans l’ensemble. « Bien sûr, la valeur des différents contingents pose souvent des problèmes et il faut parfois être très proactif pour que les choses avancent, de même qu’il n’est pas toujours facile de coordonner l’action de deux forces qui ont un but commun mais pas forcément les mêmes missions, les mêmes moyens et les mêmes modus operandi », a-t-il expliqué. Mais, a-t-il poursuivi, « nous avons souvent été agréablement surpris par la capacité de réaction de nos camarades africains, certes différente de nos pratiques, mais sans eux la mission aurait été impossible ».
Pour sa part, le colonel Mettey a estimé que « nos nos camarades africains, dès lors qu’ils nous sentent à leurs côtés, sont très capables. Ils ont besoin de se sentir soutenus ».
4- Des lacunes capacitaires
C’est le colonel Tassel qui l’affirme : au début, la force Sangaris était « taillée au plus juste au regard de l’étendue du pays, de la situation sur Bangui et de la haine accumulée de part et d’autre ». Mais, globalement, elle a été « correctement dimensionnée » sur le plan capacitaire, à l’exception des moyens de renseignement d’origine image (un drone n’aurait pas été un luxe, les hélicoptères Fennec Reco et Gazelle Viviane ne pouvant qu’assurer une présence réduite) et des moyens blindés, « principalement en VAB ». Au cours de cette première phase, explique l’officier, les GTIA ne pouvaient pas « déployer plus de 50% de leur effectif sous blindage, le reste étant motorisé sur P4, GBC et TRM 2000 ».
Cela étant, les VAB (véhicule de l’avant blindé) ULTIMA ont apporté une plus-value « en raison de leur tourelle TOP et de leurs optiques jour-nuit », a fait valoir le colonel Tassel. Seulement, cela n’a été valable qu’en zone urbaine. Et encore, ces véhicules « ne pouvaient progresser en appui dans toutes les rues étroites du centre-ville ».
Ce constat est presque partagé par le colonel Mettey. « Le VAB, par son gabarit réduit, s’est révélé tout particulièrement adapté. Un VBCI n’aurait jamais permis la même souplesse d’utilisation. Le VAB doté d’un TOP par les moyens de vision dont il dispose, la précision et la stabilité de son tir a apporté une plus value encore supérieure », a t-il estimé. Toutefois, hors de Bangui, c’est une autre affaire, car le VAB est « vite limité par son poids, pourtant contenu, tant dans les bourbiers que sur les ponts africains ». Aussi, pour l’ex-chef du GTIA Panthère, « il manque clairement un successeur au VLRA, armé, avec des moyens optiques et optroniques modernes ».
Ce dernier a également pointé l’insuffisance en matière de moyens aéromobiles. « L’absence d’une capacité d’appui canon s’est fait sentir au niveau des hélicoptères, tout comme la capacité d’aérotransport limitée », a-t-il dit.
5- Des conditions de vie très rustiques
En avril, le sénateur Christian Cambon, de retour d’une mission à Bangui, avait déploré les conditions de vie des militaires affectés au camp installé sur l’aéroport M’Poko. Et cela alors que cette dernière était lancée depuis 4 mois.
« Les conditions de vie (hébergement, alimentation, sanitaire, hygiène et loisir) du GTIA ont été précaires durant toute la mission en raison des retards pris dans le lancement des travaux sur le camp, des contraintes liées à l’acheminement des différents matériels, à l’approvisionnement en eau et en électricité. Cependant, la rusticité de nos soldats permet de compenser ces quelques difficultés même si les demandes des hommes restent basiques (besoins primaires), pouvoir dormir et manger chaud », a expliqué le colonel Tassel.
Toutefois, la rusticité ne fait pas tout. Dimensionné pour 250 hommes, le camp M’Poko a dû en accueillir 1 400 dans les premiers temps de l’opération Sangaris. « Nos hommes sont rustiques et les sections sont en permanence engagées sur le terrain, ce qui limite beaucoup le temps passé sur le camp », a insisté l’ex-chef du GTIA Amarante.
Mais tout de même : « Tout d’abord nous nous sommes serrés, à 4, puis 5 puis 6 dans les chambres et à 8 puis 10 voire 12 dans certaines tentes. Ensuite, nous avons utilisé tous les espaces disponibles pour y construire des camps de toile, sur les parkings, sur la zone hélico, etc… Il nous a fallu interdire le sport et limiter la consommation d’eau à une douche par jour. Un tour pour l’ordinaire a été mis en place (1 jour sur 4), idem pour la laverie (1 jour par semaine) », a-t-il raconté.
En outre, la force Sangaris a eu à déplorer de « nombreux vols ». « Les notions de sécurité, de contrôle et de filtrage de nos camarades africains sont parfois un peu différentes des nôtres », a expliqué le colonel Tassel.
Pour son homologue du GTIA Panthere, « offrir une vie d’unité élémentaire permet de gérer le repos, et l’assimilation psychologique des épreuves endurées ». Et le colonel Mettey d’ajouter : « Il conviendra de repenser la question de l’eau. Une capacité de production par filtrage doit exister au niveau de l’ unité élémentaire (UE) ».
PARIS, France, 5 décembre 2014/African Press Organization (APO)/
Quai d'Orsay - Déclarations du porte-parole - 5 décembre 2014
Un an après le lancement de l'opération Sangaris pour protéger les populations centrafricaines, la France reste mobilisée sur les plans politique et militaire, ainsi que pour apporter une aide humanitaire et développer des actions de coopération, en étroite liaison avec l'Union européenne, les Nations unies et tous nos partenaires internationaux. Grâce à nos efforts, la Centrafrique n'a pas été une crise oubliée. Les troupes françaises ont été rejointes, à notre demande, par l'opération européenne EUFOR-RCA en mai dernier et par la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Les casques bleus sont déployés sur le terrain depuis le 15 septembre.
Les massacres ont été évités. Des difficultés persistent mais le nombre de personnes déplacées est en baisse constante, l'économie locale redémarre. Sur le plan politique, l'instabilité a fait place à une transition plus apaisée, dont la perspective des élections doit marquer l'aboutissement. Les besoins humanitaires restent cependant considérables, en Centrafrique comme dans les pays voisins, où se trouvent des centaines de milliers de réfugiés.
Le succès de la sortie de crise repose d'abord sur les Centrafricains, avec l'aide de la médiation régionale animée par le président congolais Denis Sassou Nguesso. Nous appelons tous les acteurs de la transition à participer activement au dialogue politique et à la réconciliation nationale, dans la perspective du Forum de Bangui. Des élections libres et apaisées doivent se tenir au plus tard en août 2015.
Union pour la paix en Centrafrique (UPC)
Communiqué de Presse 03/2014/12/06/BBR
Ce qui se passe actuellement à Bambari ne surprend pas outre mesure la direction politique de l’UPC. Est-il besoin de rappeler que le 22 novembre dernier, nous prenions à témoin l’opinion nationale et internationale dans un communiqué de presse valant une mise en garde contre les manoeuvres machiavéliques de Jean Jacques Demafouth, Aristide Sokambi, Gontran Djono Ahaba et Mahamat Kamoun, consistant à payer des jeunes désoeuvrés de Bambari dans le but de mettre le feu aux poudres à Bambari afin de diaboliser les éléments de l’UPC et disqualifier ce mouvement aux yeux de la communauté nationale et internationale.
C’est dans ce contexte que Monsieur Ferdinand Nguendet a cru devoir effectuer un déplacement dans cette ville qui n’était qu’une occasion de show médiatique qui n’a fait qu’envenimer les choses au lieu d’apaiser la situation. Alors qu’il est bien établi que c’est un élément de Joseph Zoundéko qui a tué l’un des aides de camp de du président du CNT parti en précurseur à Bambari, M. Ferdinand Nguendet a préféré porter ses accusations contre le général Ali Darras et ces éléments de l’UPC quqi font pourtant un remarquable travail au quotidien pour ramener la paix et la sécurité à Bambari.
De même que ce sont les éléments de Joseph Zoundéko qui ont eu des altercations avec les anti-balaka qui ont terrorisé la population civile qui a décidé de déserter chez elle pour se mettre à l’abri chez Sangaris, Minusca et les lieux de cultes.
L’UPC tient juste à rappeler aux Centrafricains qu’elle n’a pas de leçons à recevoir de celui-là même qui était la première personne à organiser une marche de soutien à la coalition Seleka et qui est aujourd’hui Président du CNT grâce à ladite Seleka. C’est dans la logique des choses s’il fait tout actuellement et est prêt à tout pour protéger ses amis pourtant présumés coupables de crimes de guerre et de crime contre l’humanité. Il lui manque aussi le courage et la volonté politique de dénoncer la barbarie des anti-balakas de peur d’être tué
Au lieu de faire un show médiatique pour exhiber sa montre en or, il ferait mieux en tant que Président du CNT de faire des propositions concrètes de sortie de crise de la RCA ce dont la population Centrafricaine a le plus besoin et non de la politique de salon et des calculs politiciens.
Fait à Paris le 6 décembre 2014
Le Coordonnateur
Habylah AWAL