http://www.sudouest.fr 24/09/2013 à 06h00 | Mise à jour : 24/09/2013 à 09h14
Par Bruno Dive, b.dive@sudouest.fr
François Hollande et Laurent Fabius, qui se rendent aujourd’hui à l’assemblée générale de l’ONU, ont choisi de placer la République centrafricaine au centre des discussions qu’ils auront avec leurs homologues. Ce choix n’est pas anodin si l’on se souvient qu’il y a un an, ils avaient mis le Mali au cœur de leurs préoccupations. Pourquoi la Centrafrique ? Parce que dans une indifférence quasi générale, ce pays déjà très pauvre est en train de s’effondrer de l’intérieur, à la suite d’un coup d’État qui a plus ou moins tourné à la guerre civile. L’ancienne colonie française rejoindrait à son tour la liste déjà trop longue des pays sans État, livrés à l’anarchie, au joug des pillards ou des milices, souvent islamistes, qui émaillent l’Afrique, de l’Atlantique à l’océan Indien.
Parmi ces pays d’infortune a longtemps figuré - et figure encore pour partie - la Somalie, dont les milices islamistes, les fameux shebab affiliés à al-Qaida, avaient fait leur terre d’élection et d’exactions. Elles en ont été chassées par l’armée kényane, venue en voisine avec la bénédiction des Occidentaux. L’opération meurtrière menée dans un centre commercial de Nairobi n’est donc qu’une vengeance contre ce pays, et un moyen de l’asphyxier économiquement en faisant fuir les touristes. Mais c’est plus que cela. Cette attaque sanglante est aussi pour les milices islamistes et les filiales d’al-Qaida la preuve qu’elles peuvent frapper, sinon partout, du moins loin de leurs bases ou des pays dans lesquels elles s’étaient incrustées.
Le président de la République a déclaré jeudi au Mali que la guerre avait été gagnée. C’est à la fois vrai et faux, en tout cas imprudent. Car si les djihadistes ont en effet été chassés de presque tout le territoire malien, grâce à une bonne décision présidentielle puis au savoir-faire de l’armée française, le monde civilisé n’en a pas fini avec les émules de Ben Laden. On les chasse d’un territoire ? On les retrouve sur un autre. Ils disparaissent ici ? C’est pour mieux renaître ailleurs.
C’est une guerre de longue haleine qui se joue sous nos yeux. Pour la gagner, il faut au minimum des États dignes de ce nom, en République centrafricaine comme partout ailleurs. Car si l’ex-empire de Bokassa ne se trouve pas en terre d’islam, sa déstabilisation entre Congo et Tchad, Nigeria et Soudan, ouvrirait une plaie béante au cœur de l’Afrique.
C’est une guerre de longue haleine qui se joue sous nos yeux