Centrafrique: les habitants de Markounda fuient les violences
par RFI 03-05-2014 à 00:38
Le bilan de la tuerie qui s'est produite le 1er mai dans la localité de Markounda à la frontière tchadienne pourrait s'élever à 30 morts selon des habitants de la localité contactés par RFI. Une vingtaine de corps ont déjà été identifiés. Une bande armée a attaqué cette localité après avoir mené ces derniers jours plusieurs raids meurtriers contre des villages de la zone. Elle a laissé derrière elle une ville vide de ses habitants.
Evrard Droukel est le secrétaire de la sous-préfecture de Markounda. Il était en ville lorsqu'une bande de plusieurs dizaines d'hommes armés a fait irruption jeudi dernier. Certains portaient des uniformes, d'autres des turbans autour de la tête afin qu'on ne les identifie pas. Rapidement ces hommes ont commencé à piller les maisons et à tuer de façon indiscriminée.
Evrard Droukel et les 15 000 habitants ont pris la fuite. Revenu sur les lieux, Evrard Droukel a constaté les dégâts. « On a dénombré une vingtaine de corps, d’autres ont été dévorés par les porcs. On n’a pas vraiment pu les identifier. »
Cette bande armée, qu'il dit être composée essentiellement de Peuls, a écumé plusieurs villages ces dernières semaines. « Ils ont commis les mêmes raids partout dans la sous-préfecture de Markounda. Plusieurs villages ont été incendiés, des gens abattus froidement comme à Markounda », témoigne le fonctionnaire.
"Ils sont venus à cheval et à pied. Quand je suis arrivé on tirait un peu partout en l’air. Ensuite ils ont encerclé le village, ils ont commencé à mettre le feu aux maisons…"
Evrard Droukel, secrétaire de la sous-préfecture de Markounda 02/05/2014 - par Olivier Rogez
La bande est partie vers la localité de Bémal, à l'Ouest. Manifestement, elle cherche à rejoindre un autre groupe d'ex-miliciens selekas qui a, lui aussi, écumé une série de villages ces derniers jours. A Paoua, la sous-préfecture de l'Ouham-Pendé, et plus importante ville de la zone, des renforts de la Misca ont été dépêchés.
Les autorités tchadiennes démentent formellement que des hommes armés aient pu franchir la frontière pour attaquer une localité centrafricaine. Les frontières du Tchad sont sécurisées, a réaffirmé le porte-parole du gouvernement à RFI.
RCA : L'armée tchadienne sollicitée après les incidents de Markounda
RÉSEAU DES JOURNALISTES POUR LES DROITS DE L'HOMME EN RCA
Bangui, 02 mai (RJDH) – Treize personne dont 5 enfants ont été tuées dans la ville de Markounda (Nord), à la suite d’une attaque d’une bande armée qui serait venue du Tchad. Le forfait a été commis jeudi 1er mai, par un groupe associé à des peulhs. Les assaillants ont également incendié des maisons et la population a fui pour se réfugier de l’autres côté de la frontière au Tchad.
Un des volontaires de la Croix Rouge centrafricaine joint par le RJDH à Markounda, a fait savoir que les habitants de la ville ont dénombré ce matin treize morts, lorsqu’ils sont revenus dans la ville après le retrait des assaillants. Il a ajouté que des négociations ont été entamées avec les militaires tchadiens pour ramasser les corps qui traînent encore par terre à la merci des animaux.
Selon Eugénie, une habitante de Markounda qui a trouvé refuge dans la ville tchadienne de Koumba, les assaillants composés des hommes habillés en tenue militaire et des peulhs enturbannés, sont entrés dans la ville hier dans l’après-midi et ils ont ouvert le feu sur la population. N’ayant pas un autre endroit où se mettre à l’abri, elle s’est dirigée à la frontière pour trouver refuge à Koumba.
Pélagie, mère de 4 enfants, ne sait pas où se trouve son fils aîné à la suite de ces événements. Elle s’inquiète pour son enfant et souhaite repartir dans la ville de Markounda pour essayer de le retrouver. Les pourparlers entre les autorités locales de la ville de Markounda, les volontaires du sous-comité de la Croix Rouge Centrafricaine et les autorités militaires tchadiennes ont commencé ce vendredi matin afin de prendre des dispositions pour lever les dépouilles créer les conditions de retour des déplacés dans la ville de Markounda.