Bangui 30 avril 2014(RJDH)- Pour le leader de l’ex-Séléka, les derniers actes de violences commis depuis le week-end dernier dans le nord de la RCA ne relèvent pas de ses hommes. Dans un entretien accordé au Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme(RJDH), le Général Mohamed Moussa Dhaffane, réitère cette prise de position et s’insurge contre le projet de relocalisation des ses troupes à Sibut (centre).
RJDH : Depuis samedi dernier, de nouveaux cas de violences sont enregistrés dans le nord de la RCA, notamment à Boguila et Markounda. La Séléka est pointée du doigt à la fois par certaines autorités politiques et des humanitaires. Ce que dément la coalition dont vous êtes président. Réitérez-vous cette prise de position ?
Général Moussa Mohamed Dhaffane: Je la réitère puisque c’est la vérité. Ces hommes qui ont commis ces actes ignobles ne relèvent pas de la hiérarchie de la Séléka, même si on peut à un moment établir un lien entre ces hommes et la Séléka. Mais du moment où ces hommes n’obtempèrent plus, ils ne sont plus sous le commandement de la Séléka; cela veut dire qu’ils sont devenus des bandits. Ce sont des bandits et on les traitera comme tels. Je réitère que ces attaques ne sont pas perpétrées par la Séléka.
RJDH : Et qu’est-ce qui fait que certains hommes de la Séléka n’obéissent plus aux ordres de leur commandement ?
Général Moussa Mohamed Dhaffane : Je ne vais pas jusqu’à dire que certains hommes de la Séléka n’obéissent pas. Mais je suis en train de réfléchir pour voir si ces hommes-là appartenaient effectivement à la Séléka, et qu’ils se sont désolidarisés de la Séléka. Mais du moment où il ya des gens qui n’obtempèrent plus et qui n’obéissent plus aux ordres de la Séléka, cela veut dire que ce sont des bandits. Ils doivent être traités comme tel.
Cependant, il y a un autre volet de la question que j’ai compris moi-même. Il y a des gens qui ont assisté à des horreurs et qui ont subi la haine de leurs compatriotes et qui sont habités par l’esprit de vengeance et qui veulent vraiment prendre leur revanche pour ce qu’ils ont subi, notamment des pertes en vies humaines et des pertes matérielles. S’il ya des gens comme ça, ce qu’on peut faire c’est qu’ensemble avec le pouvoir central, les humanitaires et la communauté internationale, c’est d’essayer de comprendre cela et prendre les mesures idoines pour que ces groupes de personnes au lieu de se faire justice, doivent comprendre qu’il y a une manière de se rendre justice qui est légale.
RJDH: Ces derniers événements remettent en cause les engagements des leaders de la Séléka qui se disent favorables à la paix et réconciliation. Que ferez-vous concrètement pour rassurer le peuple centrafricain ?
Général Moussa Mohamed Dhaffane: On se prépare déjà pour réorganiser le mouvement pour le rendre plus crédible et plus acceptable. Et avec les revendications que nous avons, nous allons essayer de nous présenter comme tels et puis en ce moment là, on pourra en parler. Pour le moment, ce sont des choses qui se font au sein de la coalition, donc je ne peux pas en parler.
RJDH : Que dites-vous des dernières relocalisations de musulmans à Sido et à Kabo ?
Général Moussa Mohamed Dhaffane : Sur ce point, je reste sur les principes. Quand quelqu’un est en danger et qu’il n’est pas en sécurité, il faut lui trouver la sécurité. Et s’il est dans un endroit où il n’est pas sécurisé, il faut lui trouver un endroit où il peut être en sécurité et en sûreté. Sur le principe, je comprends pourquoi on veut déplacer des populations pour les sécuriser.
RJDH : Certains généraux vous ont élu dimanche dernier Président national de la Séléka. Quelle serait la nouvelle responsabilité de Michel Djotodia dans le mouvement ?
Général Moussa Mohamed Dhaffane : Le Président Djotodia est un homme qui a fait ses preuves. Il a géré le pays et par la force des choses, il a été obligé de démissionner. Il a démissionné pour sauver le pays, pour éviter un bain de sang à la République Centrafricaine. Je le salue pour cela. C’est un grand frère que je respecte. Cependant, dire que si je suis élu comme président national, la place de Michel Djotodia pose problème, je ne pense pas. Je ne pense pas que le Président Djotodia pose problème. Ensemble on a travaillé, ensemble on est en train de chercher à sortir de la crise.
RJDH : Etes vous toujours en relation avec ce dernier ?
Général Moussa Mohamed Dhaffane: Non, on ne s’est pas parlé. On ne se parle pas et il est à Cotonou et moi je suis ici, donc on ne peut dire qu’on est en contact puisqu’on ne s’appelle pas.
RJDH : La Séléka refuse le projet de relocalisation de ses hommes vers la ville de Sibut. Qu’est-ce qui explique ce rejet?
Général Moussa Mohamed Dhaffane : D’abord au niveau de la méthodologie, ils ont faussé (échoué). Quel que soit ce qu’on veut, même si c’est le bien qu’on veut faire, il faut associer tout le monde. On ne peut pas rester dans un bureau et décider. Ce ne sont pas des animaux. Ce n’est pas du bétail qu’on doit transporter par ici et par là. Mais ce sont des hommes .Ils sont là depuis un certain temps. Ce sont des gens qui ont exercé le pouvoir et qui l’ont remis, (des gens) qui sont cantonnés dans un camp, qui respectent les consignes et qui obéissent. Ils sont toujours là et ils ne dérangent personne.
Mais si on veut aujourd’hui les déplacer d’un point à un autre, il faut au moins les associer pour leur expliquer la raison. Et ils ont quand même un chef que je suis. Personne n’est venu me consulter, personne n’est venu prendre mon avis. On ne peut se lever et dire qu’on va les déplacer. Ce n’est pas possible! Sur le fond, j’accuse tous ceux qui militent et excellent dans le projet de déplacement de ces combattants Séléka de Bangui vers Sibut, et ensuite vers d’autres localités, de favoriser et d’encourager la partition du pays.