RFI jeudi 19 décembre 2013 à 05:43
Dans le contexte de catastrophe humanitaire et sécuritaire que connait la Centrafrique, le spectre d'une crise ouverte qui menaçait au sommet de l'Etat semble s'éloigner. Le week-end dernier, le président de la transition, Michel Djotodia, a limogé de manière unilatérale trois ministres et le directeur du Trésor, sans avoir consulté le Premier ministre Nicolas Tiangaye, comme le prévoit pourtant la charte de la transition. Ces deux derniers jours, les deux têtes de l'exécutif, ainsi que le président du Conseil national de la transition, se sont réunis pour aplanir leurs différends et sont parvenus à un accord.
La réunion a duré à peine plus d'une heure. En présence des représentants du comité de suivi et de l'Union africaine notamment, Michel Djotodia a donc discuté avec le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président du Conseil national de transition, Alexandre Ferdinand Nguendet. « L'esprit de dialogue, l'esprit de consensus a prévalu face à ce que la situation commande », racontait hier à RFI le Premier ministre Tiangaye.
Les deux têtes de l'exécutif, dont les relations sont notoirement difficiles, sont parvenues à un accord politique. Concrètement, cela signifie qu'avant la fin du mois, il sera procédé à un « réaménagement technique » - comprendre un remaniement partiel du gouvernement - en tenant compte de l'équilibre des forces politiques.
Le président du CNT se dit « très satisfait, parce que quand nous voyons ce qui se passe aujourd'hui dans le pays, l'insécurité, la crise humanitaire, et si l'on ajoute cela une crise politique, on se dirige vers le chaos total ».
Comme lui, chacun semble heureux de pouvoir désamorcer la crise politique qui se profilait, et refermer rapidement la parenthèse née de ce quadruple limogeage le week-end dernier.
« On se sert les coudes face à cette crise humanitaire majeure », nous expliquait hier soir Nicolas Tiangaye.
Info RFI: rencontre au sommet des dirigeants de la transition en Centrafrique
RFI mercredi 18 décembre 2013 à 23:42
En Centrafrique, la décision du président de transition Michel Djotodia de limoger trois ministres et le directeur du Trésor crée la polémique, alors que le pays est en pleine crise humanitaire et que les violences se poursuivent. Les diplomates du comité de suivi des accords de Libreville ont en tout cas décidé de s’impliquer pour que la crise ne prenne pas d’ampleur. Ils ont facilité ce mardi 17 décembre une première rencontre entre les trois dirigeants de la transition.
Les décrets annonçant le limogeage des différents responsables ont été signés par le président seul, alors que selon les textes de la transition, ces décrets auraient dû être contresignés par le Premier ministre, ce qui n'a pas été le cas, provoquant un début de crise politique.
Après avoir été reçu lundi par le président de la transition, Michel Djotodia, le comité de suivi des accords de Libreville a rencontré séparément ce mardi le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président de l’Assemblée de transition (CNT), Alexandre Ferdinand Nguendet.
Les trois hommes se sont ensuite réunis dans l’après-midi au palais de la renaissance, le palais présidentiel, accompagnés par les diplomates. Suite à cette première rencontre, une autre est prévue ce mercredi, en comité plus restreint. Cette deuxième réunion devrait réunir les trois têtes de la transition, le représentant du médiateur congolais et la représentante de l’Union africaine.
L'objectif de ces rencontres est de trouver une solution à la crise institutionnelle qui s’est ouverte après la décision du président de limoger trois ministres et le directeur du trésor, en contournant le contreseing du Premier ministre. Lors de sa première rencontre avec le comité de suivi, Michel Djotodia avait refusé, selon nos sources, de revenir sur le limogeage des trois ministres, mais il s’était dit prêt à s’asseoir à la même table que les deux autres responsables de la transition pour en parler.
Certains craignent que l’engagement d’un bras de fer juridique avec le Premier ministre devant la Cour constitutionnelle ne fragilise un peu plus la transition. « Cela élargirait un peu plus le fossé entre les deux hommes », estime un acteur politique centrafricain.
« Ces décrets doivent être retirés »
L’affaire provoque en tout cas de nombreux commentaires dans la classe politique. Pour Oto Fleury, le porte-parole du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), l’un des principaux partis du pays, « ces décrets doivent être retirés dans la mesure où ils sont en violation des textes de la transition ».
Même point de vue au Mouvement de libération du peuple centrafricain (MPLC) : pour son porte-parole, Luc Guéla, « Le pays est déjà en crise, il ne faut pas que le président Djotodia crée d’autres problèmes. Il faut, précise ce porte-parole, qu’il respecte la Constitution sur laquelle il a lui-même prêté serment. »