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GESTION DESASTREUSE DE LA TRANSITION EN CENTRAFRIQUE ET SITUATION CATASTROPHIQUE DU PAYS par Olivier Gabirault

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(Extrait de la Conférence de NANCY du 09/11/2013 par  Monsieur Olivier GABIRAULT, Président de l’ACD)

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En rejetant systématiquement  avec arrogance  des propositions  faites  par d’autres centrafricains dans l’intérêt national,  ceux qui ont géré directement ou dans indirectement dans l’ombre  la transition en Centrafrique  se sont considérés comme  les seuls   compétents  dans le pays.

 

Ce serait une très  bonne chose s’ils le démontraient effectivement en dehors des médias par leur gestion  au lieu  de se contenter uniquement des avantages matériels que procure la situation au détriment de la population,  attendant tout de l’extérieur, précisément de la sous-région en donnant l’impression d’être anesthésiés intellectuellement.

 

Cette prétention serait aussi démontrée si ceux qui gèrent la transition n’avaient  pas conduit la République Centrafricaine dans une situation où toute son étendue est devenue quotidiennement un cimetière, conséquence de la recherche effrénée et irresponsable  du pouvoir  pour  sa propre  grandeur et  ses  intérêts  personnels par la classe politique  centrafricaine.

 

Dans tous les cas, tout homme public devant rendre compte de sa gestion, ils auront à se soumettre à cette obligation devant le peuple centrafricain, devant l’histoire et devant Dieu,  car non seulement leur refus d’écouter les autres a conduit le pays dans cette situation catastrophique, mais le sang  des Centrafricains qui a  coulé comme un fleuve ne doit pas passer indéfiniment  en perte et profits.

 

1- AVERTISSEMENTS ECRITS AU POUVOIR DE L’EPOQUE AU SUJET DE LA REBELLION AYANT ACCEDE AU POUVOIR EN MARS 2013

 

Je n’ai cessé tout d’abord d’attirer depuis  le 18 octobre 2005 l’attention des autorités de l’époque  sur la rébellion qui à l’époque n’était que naissante, avant de se constituer en coalition « SELEKA » pour prendre le pouvoir en Centrafrique  le  23 mars 2013.

 

 J’ai insisté de 2005 à 2006 sur la nécessité impérieuse du dialogue entre le pouvoir et cette rébellion  encore naissante à l’époque afin  qu’une solution pacifique soit trouvée à ses revendications  de manière à  éviter des pertes  inutiles en vies humaines et en biens.               

 

Non seulement ces avertissements n’ont pas été suivis, mais les recommandations du Dialogue Politique Inclusif de 2008 organisé trois ans plus tard sur mon initiative  au sujet de cette situation  n’ont pas été appliquées, donnant l’occasion à une nouvelle crise armée ayant abouti au renversement  du pouvoir en mars 2013.  

                                                                                                                                

2- PROPOSITIONS ECRITES  A L’ACTUEL PREMIER MINISTRE  DANS LE CADRE DU PREMIER GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE ISSU DU DIALOGUE ET DES  ACCORDS DE LIBREVILLE.

 

Bien que n’étant pas invité au Dialogue de Libreville, je n’ai pas hésité dans l’intérêt de notre pays,  à faire des propositions écrites le 19 janvier 2013 à l’actuel Premier  Premier Ministre Nicolas TIANGAYE dans le cadre de la première transition prévue par le Dialogue de Libreville jusqu’en 2016,  en mettant l’accent sur des points sensibles tels :

 

a)ASSAINISSEMENT DU CLIMAT SOCIOPOLITIQUE

 

  Cette  proposition insistait sur :

 

-Le rétablissement de la cohésion et de  la coexistence pacifique dont l’effritement a commencé  à être dangereusement  perceptible au cours de la crise en juin 2012, en rappelant que la communauté centrafricaine composée de chrétiens et de musulmans n’a jamais connu de déchirement et qu’il fallait dès le début veiller à préserver cet acquit indéniable dans une Afrique en pleine turbulence religieuse.

 

Certaines des mesures proposées à cet effet portaient sur :

 

-La nécessité d’éviter la chasse aux sorcières en privilégiant s’il le faut, la voie judiciaire pour les personnes coupables de crimes et délits ;

                                                                                                                            

-La réaffirmation du caractère laïc de la nation centrafricaine ;                                                                                                      

 -La mise en place et le respect d’un code de bonne conduite à imposer aux membres de la coalition SELEKA, ce qui à mon avis devrait être un élément essentiel pour rassurer, raffermir la cohésion, avec le souci de préserver la population, en référence aux souvenirs  des comportements rétrogrades des rebelles ayant porté BOZIZE au pouvoir en 2003 ;                                                       

 

 - La réaffirmation de l’égalité de tous en droits et devoirs, gage de cohésion de la nation ;             

 

-Le respect de l’équilibre géopolitique du pays en ce qui concerne les nominations aux hautes fonctions de l’Etat afin de reconstruire harmonieusement la cohésion nationale, gage de la paix, de l’unité nationale et de la reconstruction nationale ;                                                

-La sérénité et le discernement dans les nominations des nouveaux dirigeants ; 

 

b) LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

 

 Cette proposition mettait l’accent sur :                                                                                                                                                                      

-La création d’une Caisse autonome de pensions de retraite ;

                                                                                                        

 -La création d’un Fonds d’indemnisation des victimes des différents  conflits armés au sein de la population civile, les Accords de Libreville n’ayant pensé qu’à l’indemnisation des hommes armés  à travers le DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion) ;    

                      

c)LA NECESSITE D’ERADIQUER DEFINITIVEMENT LES CRISES A REPETITION

 Ma proposition insistait sur  une campagne d’envergure sur le civisme à travers :                                                                                                                                                                              

-L’éducation politique de la population ;                                                                                                                                                         -La promotion des droits de l’homme ;                              ;                                                                                                                   

-Une campagne d’envergure sur l’esprit de patriotisme et la culture de la paix ;                                                                                                                                            

 -Une campagne de sensibilisation sur la notion de travail ;

 

Tout ceci a été ensuite réaffirmé dans le cadre d’une interview  sur la station Radio NDEKE LUKA en janvier 2013 deux mois avant le coup d’Etat du 24 mars 2013

 

3-PROPOSITIONS FAITES DANS MA DECLARATION DU 24 MARS 2013 APRES LE COUP D’ETAT DU 23 MARS 2013

 

Dès le lendemain du coup d’Etat du 23 mars 2013, par la coalition SELEKA, j’ai aussitôt fait une déclaration le 24 mars 2013 pour attirer l’attention des nouvelles autorités sur les immenses défis économiques, sociaux, sécuritaires, humanitaires, politiques qui ne pourront pas être réglés par les armes, mais au contraire de manière consensuelle par une plus large concertation nationale (peu importe son appellation).

 

Parmi les nombreuses propositions faites dans ma déclaration, il y a avait  donc la nécessaire et urgente organisation d’une plus large concertation des Forces vives de la nation.

 

 A mon avis, une telle concertation nationale allait préserver, orienter, faciliter, dissuader  plusieurs situations, à savoir :

 

1° Les forces vives de la nation allaient voter des résolutions pour  préserver la sécurité, le retour à  cohésion nationale, à la paix, lutter contre l’impunité, définir la transition en ce qui concerne sa mission et sa durée etc.

 

2°La communauté internationale qui devait être représentée à cette concertation nationale allait,  sur la base de la volonté populaire exprimée librement,  s’engager rapidement aux côtés du peuple centrafricain malgré la situation ;

 

3°La reconnaissance des nouvelles autorités allait être  facilitée après les conditions de la transition et les orientations issues de cette concertation nationale,  au lieu des acrobaties politico-juridiques actuelles, fondées désespérément sur des accords boiteux de Libreville, brandis à tout moment pour de simples positionnements politiques et des intérêts matériels ;

 

4° Les dispositions que la communauté internationale cherche à mettre en place  maintenant seraient prises en amont, ce qui aurait fait éviter la catastrophe humanitaire, le fleuve de sang qui a coulé et coule encore dans le pays ;

 

5° La folle ardeur de destruction, de vols, de viols, de pillages, de tueries aurait été freinée dès le début, à temps, sinon se serait tempérée d’elle-même.

 

Il y avait donc des initiatives à prendre préalablement sur le plan national avant d’obtenir l’accompagnement de la communauté internationale au lieu de gérer la transition dans l’immobilisme, comme en temps normal, comme s’il n’y avait pas de problème dans le pays, pour tout attendre de l’extérieur, comme si les nouvelles autorités étaient anesthésiées intellectuellement, mais  préoccupées uniquement par les intérêts matériels.

 

J’ai réaffirmé la  nécessité de cette concertation  nationale dans une  interview à la chaine de télévision  Arica 24 en avril 2013, quelques jours après le coup d’Etat, mais elle a été rejetée avec arrogance  par les nouveaux dirigeants avec l’idée de protéger leur position, à l’abri de la volonté du plus grand nombre.

 

4-CONFERENCE NATIONALE DEMANDEE PAR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE  APRES LA SITUATION  DRAMATIQUE DU PAYS.

 

Si ma proposition de concertation nationale a été rejetée, les autorités n’ont par contre pas hésité à se pencher sur l’organisation de celle qui vient d’être demandée par la communauté internationale. 

 

                           .Il convient de noter qu’il y a une très grande différence  entre ma proposition et celle qui vient de la communauté internationale.                              .                                                                                                                                                                 En effet,  la concertation nationale objet de ma proposition du 24 mars 2013 avait essentiellement pour but de faire éviter une tragédie  en préservant la nation par des mesures en amont, dès le début du coup d’Etat.  Or la conférence nationale proposée par la communauté internationale  se tiendra  près d’une année après le coup d’Etat, mais à la suite de plusieurs centaines de tombes, de destructions, de pillages, de vols, de viols, bref d’un désastre inqualifiable.                                              .                                                                                                                              Le sang a trop coulé, l’ensemble du territoire est devenu un cimetière quotidien, le semblant d’Etat qui existait au moment du coup d’Etat en mars 2013 a pratiquement disparu (pour reprendre les termes du Ministre  Joseph BENDOUNGA).

 

Mais quelque soit l’amalgame politique qui sera utilisé par les auteurs directs ou indirects de cette catastrophe historique pour des raisons de positionnement politique, d’intérêts matériels, de grandeur personnelle, les nombreuses centaines de vies centrafricaines ne passeront pas en pertes et profits, car  la paix sera fonction de la justice et  l’impunité  source de nouvelles crises à éviter.

 

                                                                  Fait à  NANCY le 10 Novembre 2013

 

                                                                           Emmanuel  Olivier GABIRAULT

 

                                                                                        Président de l’ACD

 

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