AFP 21 NOVEMBRE 2013 À 10:48
D'après le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, la République centrafricaine est en proie au «désordre absolu». Les Etats-Unis aussi ont appelé à des sanctions contre les responsables des violences.
La République centrafricaine est «au bord du génocide», a déclaré jeudi sur la chaîne de télévision publique France 2 le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. «Le pays est au bord du génocide (...). Aujourd’hui c’est le désordre absolu, vous avez sept chirurgiens pour 5 millions d’habitants, une mortalité infantile dans certains coins du pays de 25%, un million et demi de personnes qui n’ont rien, même pas à manger, et des bandes armées, des bandits, etc.», a indiqué Laurent Fabius. Il faut agir vite, a-t-il ajouté, comme l’avait dit la veille le président François Hollande qui a dénoncé les exactions commises dans plusieurs régions du pays.
«La France, les pays autour, la communauté internationale s’en préoccupent. L’ONU va donner une permission d’intervenir aux forces africaines (des pays alentour), à l’Union africaine et également à la France», a affirmé le ministre des Affaires étrangères, annonçant une résolution du Conseil de sécurité pour début décembre. Mais, a-t-il dit, «ce ne sera pas du tout le même genre d’intervention qu’au Mali, ce ne sera pas aussi massif et aussi durable».
La France, avec 420 hommes sur place, est «à l’appui des Africains», a-t-il ajouté. Laurent Fabius a estimé que «malheureusement», il y avait un risque que le pays devienne un sanctuaire terroriste. «Il y a déjà beaucoup de brigands et si les choses ne sont pas remises en ordre, il y a un risque de dissémination à partir de foyers terroristes», a-t-il souligné.
UNE SITUATION «PRÉ-GÉNOCIDAIRE»
A la tête d’une coalition rebelle, la Séléka, l’actuel chef d’Etat centrafricain Michel Djotodia a renversé le 24 mars le président François Bozizé. La Séléka a depuis été dissoute mais les forces de sécurité sont impuissantes à neutraliser les ex-rebelles. Après une relative accalmie, les violences ont repris depuis début novembre à Bangui, avec des attaques à main armée et des meurtres. Des exactions ont également été commises dans des provinces reculées.
Les Etats-Unis ont parlé de situation «pré-génocidaire». Ils ont appelé jeudi à des sanctions contre les responsables des violences en Centrafrique qui ont conduit les Nations unies à envisager d’y envoyer 6 000 Casques bleus. La communauté internationale devrait «imposer des sanctions aux auteurs de violences», écrit l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’ONU, Samantha Power, sur son compte Twitter.
Elle souhaite par ailleurs «un déploiement rapide» de la totalité de la force africaine (Misca) qui tente de rétablir la sécurité en Centrafrique. Cette force est en cours de déploiement mais manque de matériel et de moyens financiers. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry (photo AFP), a annoncé mercredi le versement de 40 millions de dollars d’aide à cette force de l’Union africaine, jugeant qu’elle constituait «le meilleur mécanisme» pour faire face à la violence. L’ONU a aussi mis en garde contre le risque de génocide.