Bangui AFP / 18 décembre 2014 08h29 - Au moins 28 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées en Centrafrique dans des affrontements entre groupes armés qui ont éclaté mardi à Mbrés, à 300 km au nord de Bangui, a-t-on appris jeudi auprès de la gendarmerie centrafricaine.
De violents affrontements ont éclaté mardi dans le centre de Mbrés entre des éléments anti-balaka et ex-Séléka, a expliqué à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable de la gendarmerie. On dénombre déjà au moins 28 morts et plusieurs dizaines de blessés d'après un bilan provisoire de la Croix-Rouge locale, a-t-il ajouté.
Selon la même source, les affrontements entre miliciens majoritairement chrétiens et ex-rebelles Séléka à dominante musulmane se sont poursuivis mercredi faisant fuir des centaines d'habitants terrorisés.
Jeudi matin, les anti-balaka étaient retranchés dans les hauteurs de Mbrés et dans les grottes, tandis que les ex Séléka contrôlaient le centre où ils dictent leur loi.
Cette flambée de violence meurtrière est intervenue quelques jours après une cérémonie de réconciliation entre les deux camps organisée dans la ville sous l'égide de la force de l'ONU (Minusca).
La région de Mbrés a déjà été le théâtre d'attaques des deux groupes armés dans les mois précédents.
Les autorités administratives de Mbrés ont depuis quitté la localité et se trouvent pour la plupart à Bangui attendant une normalisation de la situation.
Depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka - chassée à son tour en janvier 2014 - la Centrafrique a sombré dans une crise sécuritaire et politique sans précédent.
Des mois de violences intercommunautaires et d'affrontements entre groupes armés ont depuis achevé de ruiner le pays, déjà rongé par des années d'incurie et des troubles à répétition.
Ces troubles et la déliquescence de l'Etat centrafricain ont permis à des bandes armées de prospérer dans nombre de régions, où elles rançonnent et volent la population, mais aussi les organisations humanitaires.
Trois forces internationales sont déployées dans le pays pour tenter de le stabiliser: Sangaris (française), qui marque ce vendredi le premier anniversaire de sa présence, Eufor-RCA (Union européenne) et Minusca.
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RCA : affrontements meurtriers dans le centre du pays
Par RFI 18-12-2014 à 14:52
Situation très instable à Mbrès dans le centre de la RCA. Mardi, de violents affrontements ont éclaté entre des membres de l'ex-Seleka et des anti-balaka. Il y a des morts, mais il est difficile d'avoir un bilan précis dans la mesure où tous les corps n'ont pas encore pu être ramassés. Des affrontements qui ont poussé la population à se réfugier massivement en brousse. Quelques jours auparavant, une cérémonie de réconciliation avait lieu dans cette même ville, sous l'égide de la Minusca, la Mission de l’ONU en Centrafrique.
Qu'est-ce qui a mis le feu aux poudres à Mbrès mardi ? L'assassinat d'un éleveur par des anti-balaka pour les uns ou encore l'attaque de deux planteurs par des ex-Seleka pour les autres. Quoi qu'il en soit, les affrontements ont été longs et violents, les maisons incendiées nombreuses, et ils ont poussé les habitants, livrés à eux-mêmes, à fuir en brousse.
« J’ai fui et avec toute ma famille, nous nous sommes réfugiés dans une forêt, témoigne un habitant. Nous sommes à six kilomètres dans la brousse, mais nous continuons à entendre des tirs de part et d’autre. La population a quitté le centre de la ville mardi et tout le monde est dans la brousse. Il n’y a aucun habitant dans les quartiers de Mbrès. La ville est déserte et pour le moment il n’y a rien. J’en pleure, car il n’y a rien, il n’y a pas de nourriture. »
A Mbrès, c'est l'ex-Seleka qui tient la ville. Le « général » Bordas qui appartient au FPRC, la faction dirigée par Noureddine Adam, est arrivé avec ses hommes de Kaga-Bandoro pour cette cérémonie de réconciliation vendredi. Le général Bordas affirme qu’il restera le temps qu'il faut pour ramener le calme et faire revenir les habitants en ville. Mais il se dit surpris par l'attitude des anti-balaka. Dans l’autre camp, le discours est le même, on dit ne pas comprendre l'agression des ex-Seleka.
« La ville est déserte et pour le moment il n’y a rien. J’en pleure, car il n’y a rien. Les habitants de Mbrès ont fui les violences » 18/12/2014 - par Pierre Pinto