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Remédier à l’effondrement du système éducatif et de formation en RCA : comment enrayer l’état de délabrement avancé de l’école centrafricaine par Wilfried Willy HETMAN ROOSALEM

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La situation de l’école en RCA incline à penser que ce secteur de la vie publique du pays n’a jamais été une préoccupation majeure et permanente des pouvoirs publics successifs. En témoigne éloquemment l’état de décrépitude dans lequel se trouve l’école centrafricaine. Etat de délabrement tant sur le plan de la qualité des études que sur celui des conséquences matérielles des établissements chargés d’accueillir l’enseignement.  L’école centrafricaine est aujourd’hui hélas laissée à l’abandon sans que cela n’émeuve, le moindre du monde, les gouvernants dont c’est la responsabilité. Ce qui n’est, évidemment, pas sans conséquence sur l’avenir du pays.

 

Doit-on, pour autant, rester les bras croisés ou laisser les choses se dégrader continûment sans réagir au risque de porter sa part de responsabilité? Je répondrais par la négative. Car, je pense qu’il est de mon devoir de citoyen, ayant pu bénéficier de l’éducation grâce à l’effort de l’Etat centrafricain, ayant l’amour de mon pays chevillé au corps et cœur de proposer des pistes de solutions.

 

Pour sortir de cette impasse éducative, il faut une volonté politique clairement affirmée et exprimée au sommet de l’Etat (I) mais il faut également réhabiliter le système d’enseignement supérieur grâce auquel le pays pourra affronter les grands défis de demain (II). La jeunesse dit-on, c’est l’avenir du pays et on ne peut tourner impunément le dos à l’avenir.

 

I. Une volonté politique clairement affirmée et exprimée au sommet de l’Etat

 

Remédier à la crise de l’école centrafricaine nécessite une volonté politique très affirmée de la part des pouvoirs publics. Circonstance qui a malheureusement manqué jusque-là. Pour rattraper le retard de la RCA dans le domaine de l’éducation nationale, il faut tout d’abord consacrer un vaste programme de construction de collèges et lycées sur l’ensemble du territoire national (A), ensuite créer des cycles de formation professionnelle (B) et assurer la formation continue des enseignants du secondaire (C).

 

A. La mise en œuvre d’un vaste programme de construction de lycées et collèges sur l’ensemble du territoire national

 

Force est de relever avec regret que les rares lycées et collèges qui existent dans le pays ont été construits à l’époque coloniale. Cela veut dire que depuis que la RCA a accédé à la souveraineté nationale, pratiquement aucun collège et lycée n’a hélas vu le jour. Ce, au grand dam de la jeunesse centrafricaine. Cela est dur à reconnaître mais c’est une vérité d’évidence. Si je ne m’abuse, je crois savoir que le dernier lycée construit- pour ne prendre que le cas de Bangui que je connais le mieux-, date de l’époque du règne de Bokassa- je pense notamment au lycée Jean Bedel Bokassa qui a été débaptisé, plus tard, à la faveur du retour au pouvoir du président David Dacko en  septembre 1979, pour être rebaptisé lycée des martyrs. Depuis cette période, plus rien n’a été fait. En dehors du lycée scientifique que le président André Kolingba avait érigé au milieu des années quatre-vingt dans sa région natale (Basse-Kotto) et qu’il avait pompeusement baptisé « Cécile Digo » du nom de sa défunte mère. Aussi, je serais curieux de savoir ce qu’est devenu ce fameux lycée scientifique implanté à Kembe.

 

Comment en est-on arrivé à cet état de fait ? Qu’ont-ils fait les ministres qui se sont succédé, depuis les indépendances à ce jour, à la tête du ministère de l’éducation nationale. A dire vrai, rien mais absolument rien a été fait. Car, à l’analyse, le bilan se révèle nul. Je mets au défi quiconque- je pense ici surtout à nos braves ministres- de m’apporter la preuve contraire.

 

Chers compatriotes, cela n’est pas normal ; cela sort de l’entendement. Le bilan de nos pouvoirs publics en matière éducative est très négatif. On a coutume de dire que la jeunesse, c’est l’avenir et on ne tourne pas le dos à l’avenir. La jeunesse centrafricaine a toujours été sacrifiée. Elle a toujours été le parent pauvre des programmes de réformes économiques et sociales. Cela ne peut plus continuer, cela ne doit plus continuer. Il faut changer radicalement de cap ; de logiciel.

 

C’est pourquoi, je propose de consacrer une part importante de la richesse nationale- 40% du budget national- au secteur de l’éducation nationale sur à peu près dix années consécutives afin de rattraper ce retard éducatif abyssal.

 

L’éducation nationale doit devenir la priorité des priorités nationales. D’autres pays du continent l’ont expérimenté et cela a été, pour eux, un franc succès.

 

Cela passe nécessairement par un vaste programme de construction de lycées et collèges sur l’ensemble du territoire de la République. L’Etat doit se fixer le pari de bâtir au moins seize nouveaux lycées et collèges d’enseignement général, technique et professionnel et dotés des équipements didactiques et de dernière génération dans les chefs lieux des seize préfectures et toutes les sous-préfectures que compte le pays. Ce ne sont pas les terrains qui manquent. Cela passe par une politique généreuse d’attribution de bourses d’études en faveur des élèves méritants issus de familles défavorisées et de bourses d’excellence au bénéfice des meilleurs de nos élèves. La démocratisation de l’éducation a l’avantage de fixer les élèves sur leur terroir d’origine.

 

Il n’est pas rare de voir des salles de classes surchargées, mettant ainsi les enseignants dans la quasi impossibilité de suivre individuellement leurs élèves. Il est évident que ce caractère pléthorique des effectifs de l’éducation nationale est très préjudiciable à la qualité des formations.

 

B. La création de cycles de formation professionnelle

 

En dehors du lycée technique de Bangui qui offre de rares filières de formation technique, il n’existe quasiment pas d’autres lycées techniques ou professionnels sur l’ensemble du territoire national. Il faut reconnaître que tout le monde n’a pas vocation à suivre une formation d’enseignement général. Certains élèves démontrent plus aptitudes dans les disciplines techniques quand d’autres ont plus de capacités dans les disciplines de l’esprit ou scientifiques. Ainsi, nul ne doit être laissé sans solution au bord de la route.

 

L’Etat doit s’occuper de tout un chacun selon ses facultés intellectuelles. C’est pourquoi, je propose de démocratiser l’enseignement technique et professionnel dans tout le pays afin de répondre, entre autres,  aux besoins de l’économie nationale. Des élèves bien formés ont plus de chance d’être employables sur le marché du travail.

 

En définitive, il s’agit de mettre l’accent sur les formations préparant à l’acquisition d’un métier. Quitte à rendre obligatoire le suivi ou l’orientation vers ces filières professionnelles après deux échecs non justifiés en classe de 3è.

 

 

C. La mise en place d’un programme de formation continue en direction des enseignants du secondaire  

 

Depuis plusieurs années, ajoutées aux périodes d’années blanches et celles des crises politico-militaires à répétition, la qualité de l’enseignement n’a cessé de se dégrader. Aujourd’hui, en Centrafrique, il n’est pas rare de voir un élève de terminal éprouver beaucoup de mal à s’exprimer et à écrire correctement dans la langue de Molière. Ce qui ne présage rien de bon pour la poursuite de ses études au niveau du supérieur. Cela veut dire que les savoirs de base n’ont pas été acquis.

 

Force est de reconnaître qu’aucune mesure significative n’a prise pour enrayer cette baisse continue du niveau des études en Centrafrique. C’est comme si cela n’est pas le souci- loin s’en faut- des ministres  qui ont conduit les destinées de l’éducation nationale.

 

Afin d’améliorer la qualité de l’enseignement en RCA, l’Etat doit s’atteler à la formation continue de ses enseignants. Des enseignants, en permanence ou à intervalles réguliers, bénéficiaires des programmes de recyclage sont la garantie de pouvoir dispenser de cours de qualité au profit des élèves. C’est la condition de faire de nos enfants de véritables acteurs de développement économique et social, des citoyens responsables.

 

Les mesures de réformes de l’éducation nationale ne vont pas sans celles de l’enseignement supérieur.

 

II. La réhabilitation du système de l’enseignement supérieur

 

Point n’est besoin de revenir sur le fait que depuis sa création au début des années 1970 à ce jour, la qualité de l’enseignement dispensé à l’Université de Bangui n’a pas été au rendez-vous, loin s’en faut. A la faveur des crises politiques à répétition, elle en a subi le contrecoup. Sans compter que la volonté politique n’a pas, non plus, été à la hauteur des enjeux. Du coup, cette volonté politique n’a pas prévu la mise en place de la diversification des disciplines au niveau de l’enseignement supérieur (A) et de la prolongation des cycles de formation dans le cadre de la réforme des licence, mastère et doctorat -LMD- (B) ainsi que la poursuite de la formation continue au bénéfice des enseignants du supérieur (C).

 

A. La mise sur pied de la diversification des disciplines de l’enseignement supérieur

 

Je suis, une fois de plus, au regret de constater qu’en dehors des filières classiques enseignées à l’ouverture de l’Université de Bangui, aucune autre filière nouvelle n’a été développée à ce jour ou presque. Ce, au grand dam de nos étudiants. Il est temps de développer les filières innovantes aptes à servir les ambitions de l’économie nationale. On ne peut plus rester uniquement sur les disciplines des sciences humaines, sociales, médicales et les sciences pures.

 

L’université doit diversifier son offre d’enseignement pour créer des filières nouvelles comme le commerce, le marketing, la communication, le management, l’informatique, les télécommunications, les cycles d’ingénieur dans les domaines que requièrent les exigences de notre économie, etc.

 

Cela aurait l’avantage de dispenser l’Etat de devoir envoyer ses étudiants boursiers à l’étranger et au prix fort pour pouvoir être formé ou poursuivre les formations de leur choix. C’est là encore une question de volonté politique qui est en jeu et qui a hélas manqué aux autorités.

 

B. La mise en place de la prolongation des cycles de formation

 

A ce jour et sauf erreur de ma part, les cycles de formation universitaires s’achèvent au niveau du mastère selon les cas et dans le meilleur des cas. Il est impératif  de prolonger les cycles de formation au niveau doctoral.

 

L’objectif étant de former des cadres nationaux de haut niveau capables, le moment venu, de prendre le relais et surtout de satisfaire les besoins de notre économie. Cela éviterait également à l’Etat de devoir envoyer nos étudiants à l’étranger à des coûts exorbitants pour nos maigres finances publiques.

 

C. La poursuite de la formation continue des enseignants du supérieur

 

Un enseignement de qualité dispensé suppose des enseignants de qualité. L’Etat doit régulièrement former ses enseignants aux derniers outils de la connaissance afin de mieux prendre en main les étudiants appelés à prendre les rênes du pays.

 

Il est un secret de polichinelle qu’aujourd’hui et sans vouloir leur jeter inutilement l’opprobre de nombreux étudiants issus de l’Université de Bangui ont parfois beaucoup de peine à s’exprimer correctement et à rédiger correctement. Cela est difficilement compréhensible à ce niveau d’études. Ces lacunes sont aussi dues à un déficit de formation continue des enseignants sensés prendre en charge l’éducation de ces jeunes gens.

 

Le suivi de l’enseignement doit être assuré à la base par les professeurs.

 

                                                                                              Fait à Paris, le 26/11/2014

 

 

                                                                               Wilfried Willy HETMAN ROOSALEM

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