Discours du représentant du Parti pour les Libertés et le Développement (PLD) au Congrès extraordinaire du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
Bangui, le 22 novembre 2014
Camarade Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
Camardes Membres du Bureau Politique du MLPC,
Camarades Délégués des Partis amis et alliés
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs
C’est pour moi un réel plaisir de prendre la parole devant les délégués au Congrès Extraordinaire du MLPC qui se tient ce jour à Bangui. Avant de poursuivre mon propos, je voudrais m’acquitter d’un devoir. Le Secrétaire Général 1er Adjoint de notre parti PLD, (Parti pour les Libertés et le Développement du Tchad) (parce qu’il y a ailleurs dans le monde d’autres partis qui s’appellent aussi PLD), je disais donc le Secrétaire Général 1er Adjoint empêché m’a demandé de le représenter à cette auguste assemblée. Il souhaite aux Congressistes du parti frère MLPC, les meilleurs des travaux, à toi Martin Ziguélé une excellente santé pour porter loin, très loin, les idéaux de ton Parti.
Le congrès extraordinaire du MLPC se tient à un moment où la République Centrafricaine traverse un d’énormes difficiles. Par rapport à la dure réalité du moment, c’est un euphémisme que de caractériser ainsi la situation. Nous souhaitons de tout cœur que ces soubresauts soient les derniers et que le pays retrouve la paix et que ses enfants se donnent la main pour mener la bataille du développement et de la lutte contre la pauvreté qui sont les plus grands et de loin les plus redoutables des ennemis.
Camarade Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs
Permettez-moi de donner un bref aperçu sur les difficultés du moment que traverse le Parti que je représente à ce congrès extraordinaire du MLPC.
Créé en septembre 1993, le Parti pour les Libertés et le Développement (PLD) est une formation politique née comme beaucoup d’autres à la faveur de l’avènement de la démocratie en 1990.
Dès sa création en 1993, le PLD a été considéré par le pouvoir en place comme un concurrent dangereux et donc une menace. Par moment considéré comme allié dans l’exercice du pouvoir, très vite le PLD est devenu l’ennemi à abattre. Toute l’histoire du Parti est jalonnée d’obstacles et des coups durs assenés à l’organisation : manœuvres dilatoires tendant à entraver la tenue des assises du Parti, les menaces physiques des militants, le cambriolage de nos sièges, le débauchage ou carrément l’achat des consciences de nos militants, bref tous les moyens sont bons pour entraver le fonctionnement du Parti. Le pouvoir despotique de Deby qui règne dans notre pays depuis 24 ans, n’a pas hésité à assassiner le Secrétaire Général de notre Parti, le Professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH .
En effet, le 3 février 2008, profitant de l’incursion des rebelles armés venus pour renverser le pouvoir de Deby, notre camarade et ami le professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH a été brutalement et lâchement enlevé par les forces de défense et de sécurité devant sa famille. Depuis lors, nul ne l'a plus revu.
Une disparition forcée imputable à l'Armée Nationale Tchadienne sur l’ordre des plus Hautes autorités du pays. Un fait confirmé par la Commission d'Enquête sur les événements de février 2008. Malgré nos demandes insistantes, malgré une forte mobilisation nationale et internationale, l'État tchadien refuse de reconnaitre les faits et donne le corps à la famille pour faire son deuil. Bien au contraire, il s’obstine à les nier perpétuant ainsi, un double meurtre sur la personne de notre camarade.
Depuis février 2008, nous attendons, la mort dans l’âme, d’être situés sur le sort d’IBNI, même si nous ne nous faisons pas d’illusions sur l’éventualité de le revoir en vie. Plusieurs années où se mêlent, espérance et désespoir devant ce vide infini, ce silence assourdissant.
Taraudent nos esprits les mêmes questions angoissantes, lancinantes : Pourquoi ? Qu’ont-ils fait d’IBNI ? Où est-il ? Où est sa dépouille ?
Des questions sans réponses qui nous hantent, nous torturent et interpellent notre conscience en tant que Tchadiens, en tant que militants mais tout simplement en tant qu’êtres humains sur les pratiques politiques en vigueur dans notre pays.
Nous ne nous résignerons jamais au silence des autorités tchadiennes ! Nous, camarades et membres du Parti seront toujours là pour exiger que toute la lumière soit faite sur la disparition de notre Secrétaire Général et que justice soit rendue.
Cette disparition de notre Secrétaire Général est un coup dur, très dur porté à notre Parti. Les plus faibles d’entre eux ont pris peur et ont cessé de militer, d’autres ont regagné les rangs du Parti au pouvoir mais heureusement le peuple Tchadien dans son grande majorité a su faire le distinguo entre ceux qui militent pour changer ses conditions de vie et ceux qui font la politique du ventre.
Plusieurs courants traversent les esprits des cadres et militants du Parti :
- Faut-il tourner la page et s’engager résolument dans la lutte partisane en prenant activement part aux élections truquées qu’organise le pouvoir ?
- Faut-il boycotter les élections et concentrer toutes nos forces et énergies pour que la lumière soit faite et justice rendue sur l’enlèvement et la disparition de notre SG ?
Naturellement tous ces dilemmes perturbent gravement notre organisation et les activités normales de notre Parti et il appartient à ses leaders de trouver les justes et bonnes solutions.
Camarade Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs
Je voudrais Camarades congressistes m’arrêter un instant rappeler ce que beaucoup d’entre vous savent mieux que moi : je voudrais évoquer les liens séculiers qui unissent les peuples de nos deux pays.
La République centrafricaine et le Tchad sont tous les deux des anciennes colonies de la France. Le Tchad a accèdé à l’indépendance le 11 aout 1960, la RCA deux jours plus tard, le temps nécessaire à André Malraux pour faire le trajet de Fort-Lamy à Bangui. Le sud du Tchad et la RCA ont été regroupés et dissociés à plusieurs reprises parce que les populations de part et d’autres sont les mêmes et il n’y pas de frontière naturelle entre les deux pays. En effet il est souvent difficile de faire la différence entre les deux pays en traversant la frontière tracée par la France coloniale. On trouve de part et d’autre de cette frontière les mêmes populations. Un ngambaye, un kaba, un ngama, un sara, un rounga, etc… se sent parfaitement chez lui dans les deux pays. Il a des frères et sœurs de part et d’autres de la frontière. Il arrive souvent de trouver les membres d’une même famille dans les deux gouvernements des deux pays. Le pays n’a-t-il pas souvent porté le nom de l’Oubangui–Chari avec capitale Fort–Archambault (aujourd’hui Sarh) avant de devenir la RCA, en 1958, à la veille de l’indépendance ?
Dieu n’a pas créée sur terre des frontières entre les pays, c’est l’égoïsme des hommes et les intérêts des puissances dominatrices qui en sont l’origine.
L’histoire récente de la RCA est caractérisée par une colonisation très brutale (l’écrivain André Gide l’a dénoncé, dans son livre Voyage au Congo) et ses leaders clairvoyants ont été rapidement éliminés. Comme ce fut le cas de Barthelemy Boganda, l’homme qui était naturellement destiné à conduire le pays à l’indépendance.
Camarade Président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC)
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs
Comme on a pu le constater, les liens entre les deux pays sont séculiers. C’est pourquoi la paix en RCA c’est aussi la paix au Tchad. Mais malheureusement beaucoup de pyromanes des deux côtés de la frontière ne comprennent pas cela. Quand la guerre a atteint son paroxysme au Tchad, c’est en RCA que beaucoup de mes frères et sœurs, bref beaucoup de tchadiens sont venus s’y refugier et trouver asile et protection.
Aujourd’hui c’est avec désolation qu’on observe le phénomène inverse : des innombrables centrafricains traversent la frontière, dans l’autre sens, pour fuir les atrocités perpétrées par les «Terminators» des tropiques. Il est temps que les seigneurs de guerre, dans nos deux pays comprennent que sans paix, il n’y aura pas de quiétude et moins encore de développement et de bonheur pour le peuple.
Il est temps aussi que d’autres hommes humanistes et hautement cultivés ayant une autre conception du pouvoir et de son exercice prennent les destinées de nos pays. Tout en reconnaissant que chaque peuple imprimera et tracera lui-même les sillons de son destin toutefois on est emmené à reconnaitre que la jeunesse du Burkina vient d’administrer à tous une magistrale leçon qui pourrait servir de source d’inspiration.
Aujourd’hui nous sommes venus assister à l’investiture du Candidat du MLPC au stade 20 000 places, mais nous voudrions revenir demain fêter la victoire de ce même Candidat au «Palais de la Renaissance».
Vive la solidarité entre les démocrates
Vive le MLPC et le PLD
Et merci pour l’aimable attention.
Comme disent les gens de chez moi : « Martin Amchi guidam, anina warrak » : avance Martin, nous sommes derrière toi :