Par RFI 10-11-2014 à 11:44
En Centrafrique, les autorités ont les yeux tournés vers la Chine. La ville de Guangzhou accueille à partir de ce lundi 10 novembre, jusqu’à vendredi, la réunion plénière du processus de Kimberley, qui vise à mettre un terme au commerce des « diamants de sang ». La RCA a été suspendue de ce mécanisme en mai 2013, ce qui a bloqué les exportations légales de diamants centrafricains. Les autorités veulent demander la levée, au moins partielle, de cet embargo. Car s'il pèse lourdement sur les recettes fiscales du pays, il n'a pas réussi à mettre fin au trafic de pierres centrafricaines.
La suspension de la Centrafrique du processus de Kimberley n'a pas permis de stopper la circulation des diamants de la guerre. L'économie des pierres précieuses est simplement devenue souterraine et le trafic illégal vers les pays voisins a explosé. Dans le rapport qu'il vient de publier, le panel d'experts de l'ONU estime que 140 000 carats ont réussi à sortir illégalement du pays depuis mai 2013. Soit l'équivalent de 24 millions de dollars américains.
Les collecteurs interrogés par les experts à Berbérati et à Bangui ont admis que la plupart des diamants produits dans l'ouest de la RCA, près de la frontière camerounaise, passaient illégalement au Cameroun via des localités comme Gamboula et Gbiti. Dans son rapport, le panel cite également le cas d'un lot de diamants bruts saisis à Anvers, en Belgique. Certaines des pierres venaient de Bria et de Sam-Ouandja, des zones de l'est de la Centrafrique placées sous le contrôle de l'ex-Seleka.
Selon les experts, les achats de diamants par une société centrafricaine, Badica, ont fourni « une source de revenus durable à l'ex-Seleka, en violation du régime des sanctions imposées par l'ONU ». Les anti-balakas, eux, sont de plus en plus présents dans le commerce des diamants le long de l'axe Boda-Carnot. C'est même un de leurs chefs locaux, « Mama Drogba », qui fournit certains collecteurs dans la localité de Sasele.
Le processus de Kimberley discuté
La suspension de l'exportation de diamants pose surtout un problème économique, selon Dominique Youane, secrétaire permanent du processus de Kimberley pour la RCA : « Le diamant est la première source d’exportation du pays : 40% des recettes d’exportation, avant le bois, rappelle-t-il. A l’époque, la Trésorerie attendait seulement les exportations de diamants pour déclencher le paiement des salaires. L’année où le secteur du diamant n’a pas été perturbé, la toute dernière année, c’est 2012. Il a insufflé plus de 4 milliards de francs CFA de recettes, et aujourd’hui cette exportation est suspendue et l'Etat n'a plus cette recette. »
Mais pour Thierry Vircoulon, responsable pour la RCA dans l'organisation ICG (International Crisis Group), l'exportation des diamants ne ferait qu'enrichir les groupes armés : « Ce n’est pas en partageant les bénéfices du commerce des diamants entre les " seigneurs de guerre " et l’Etat centrafricain qu’on va stabiliser l’économie. La reprise du commerce va favoriser les " seigneurs de guerre " qui tiennent les zones de production de diamants, et donc c’est plutôt eux qui vont devenir plus riches que les communautés de pauvres creuseurs qui vivent avec moins d’un dollar depuis des décennies. Il est assez intéressant de noter que le problème n’est pas de faire violence à la réglementation du processus de Kimberley. Ce qui est important, c’est de lutter contre la contrebande de diamants par les groupes armés qui a lieu actuellement. »
L'Angola va assumer la direction de surveillance mondiale du commerce du diamant
APA-Luanda (Angola) - 2014-11-10 12:21:41- L'Angola est prêt à prendre la direction du Processus de Kimberley lors de la réunion plénière de l'organisation qui démarre ce lundi en Chine sous l’égide des Nations Unies, a appris APA.
L'Angola qui assure présentement la vice-présidence de l'organisme, assumera la présidence de l'organe de surveillance du commerce du diamant tandis que Dubaï et l'Australie postulent pour la vice-présidence.
La réunion plénière du système de certification du processus de Kimberley (SCPK) se poursuivra jusqu'au 14 novembre dans la ville méridionale chinoise de Guangzhou.
Le SCPK est un processus mis en place en 2003 pour empêcher les diamants de conflit d'entrer sur le marché normal de diamants bruts par la résolution 55/56 de l'Assemblée générale des Nations Unies.
L'Angola sera représenté à la réunion par le géologue et ministre des Mines, Francisco Queiroz, et son ambassadeur en Chine, Joao Bernardo.
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