29/10/14 (AFP)
Le Parlement centrafricain a renoncé à la mise en place d'une commission d'enquête après la disparition présumée de plusieurs millions de dollars donnés par le gouvernement angolais, a indiqué un responsable parlementaire mercredi.
A la suite de "l'intervention de la communauté internationale et plus particulièrement celle du médiateur international dans la crise centrafricaine (le président congolais Denis Sassou Nguesso, ndlr), et dans un souci d'apaisement", les conseillers nationaux de transition "ont décidé de surseoir à la mise en place de la commission d'enquête parlementaire prévue sur la gestion du don angolais", a déclaré à la radio d'Etat Patrick-Thierry Akoloza, rapporteur du Conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire centrafricain.
Le CNT avait décidé le 16 octobre de la création de cette commission d'enquête après la disparition présumée de plusieurs millions de dollars donnés en liquide aux autorités par le gouvernement angolais.
Le magazine Jeune Afrique avait dévoilé fin septembre qu'un quart des 10 millions de dollars de Luanda avait disparu dans la nature, suscitant également l'inquiétude des bailleurs de fonds internationaux.
Interrogé sur l'utilisation de cette somme, la présidente centrafricaine Catherine Sampa Panza a promis des détails "le moment venu".
La Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants et en uranium, a plongé dans un chaos sans précédent début 2013 avec l'arrivée au pouvoir des rebelles Séléka --majoritairement musulmans --, qui ont pillé le pays et l'ont placé en coupe réglée jusqu'à leur départ, en janvier 2014.
Les troubles intercommunautaires se sont poursuivis ensuite, avec une impitoyable chasse aux musulmans menée au début de l'année par les milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes.
La situation s'est nettement calmée avec l'arrivée au pouvoir du régime de transition et le déploiement de troupes françaises, africaines, européennes et onusiennes, mais des regains de violences ont encore ensanglanté Bangui au début du mois et la région de Bambari (centre) ces derniers jours.
Le pays, dont l'économie est à genoux, vit sous perfusion de l'aide internationale.
RCA: le CNT suspend la création d’une commission d’enquête
Par RFI 29-10-2014 à 01:42
En RCA, le Conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire, a décidé de surseoir à la création d'une commission d'enquête parlementaire sur l'utilisation d'une partie du don angolais par l'exécutif. En tout, 2,5 millions de dollars ne sont pas passés par le Trésor. Le Premier ministre Mahamat Kamoun avait été interpellé les 15 et 16 octobre dernier par les membres du CNT. La mise en place d'une commission d'enquête avait été décidée le 23 octobre. Mais dans un communiqué mardi 28 octobre au soir, le CNT annonce donc ce sursis dans un souci d'apaisement et sur l'intervention de la communauté internationale et en particulier celle du médiateur dans la crise centrafricaine, le président congolais Denis Sassou-Nguesso.
Faut-il une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur les 2,5 millions de dollars versés par l'Angola et qui n'ont pas transité par le Trésor ? A cette question, les membres du CNT avaient répondu « oui » le 23 octobre. Le président du CNT, Alexandre Ferdinand N’Guendet avait même annoncé la création de cette commission le 16 octobre à l'issue des deux jours d'interpellation du Premier ministre Kamoun sur le sujet, avant de se raviser quelques heures plus tard.
Mais ce mardi, les parlementaires ont donc fait marche arrière. « Eu égard à l'intervention de la communauté internationale et plus particulièrement celle du Médiateur international de la crise centrafricaine ; et dans un souci d'apaisement, les Conseillers nationaux de transition ont décidé de surseoir à la mise en place d'une commission d'enquête », déclare le président N’Guendet dans un communiqué. Faut-il comprendre que le médiateur Sassou-Nguesso a donné des ordres ? Pas tout à fait, répond en substance Thierry Patrick Akoloza le rapporteur du CNT : « Ce n’est pas un ordre mais c’est un avis que nous avons considéré comme pertinent et nous ne pouvons pas regretter ».
Le gouvernement a pris en compte les critiques du CNT pour mieux gérer les prochains dons, assure-t-on par ailleurs au CNT. Dans son adresse à la nation la semaine dernière, la présidente Catherine Samba-Panza avait annoncé avoir saisi la Cour des comptes, pour examiner ce qu'elle qualifie de « polémiques nocives ».
NDLR : Tout ça pour ça serait-on tenté de dire. Les raisons de cette grossière reculade du CNT sont peu convaincantes et ne peuvent qu'accréditer les accusations avancées par beaucoup de compatriotes que bon nombre de membres du CNT figureraient parmi les bénéficiaires des enveloppes provenant d'une partie du don angolais détournée. Pourquoi doit on tout pardonner au nom du nécessaire apaisement et passer ainsi l'éponge sur des faits avérés aussi graves que cet inacceptable détournement de deniers publics au plus haut niveau de l'état. Quelle crédibilité peut-on accorder à un CNT qui d'un côté exige l'impunité zéro pour les auteurs d'exactions et crimes et de l'autre, prône la clémence pour les auteurs de détournement de deniers publics juchés au plus haut niveau de l'état.