27/10/14 (AFP)
Des représentants de l'ex-Séléka ont annoncé dimanche en Centrafrique la création de leur propre mouvement, première scission officielle de la rébellion majoritairement musulmane qui avait pris le pouvoir en 2013 dans le pays.
Ce nouveau groupe, baptisé Union pour la paix en Centrafrique (UPC), "sera dirigé par une coordination politique présidée par Habil Awal. Le +général+ Ali Djarass dirigera l'aile militaire", a indiqué à l'AFP le porte-parole du groupe, le capitaine Ahmad Nedjad, qui occupait précédemment cette fonction dans l'état-major de la Séléka.
L'UPC "n'agit pas sous les ordres de la direction de la coalition mise en place lors du congrès" de l'ex-Séléka en juin, a-t-il souligné, sans préciser les effectifs du nouveau mouvement.
"Notre porte est ouverte à tout le monde, à chaque groupe armé, à n'importe qui, pourvu qu'il veuille oeuvrer pour la paix en RCA. Nous voulons travailler avec tout le monde, à l'exception des gens qui se battent pour la partition du pays et de ceux qui se battent pour le retour de l'ancien régime au pouvoir", a insisté Ahmad Nedjad.
La Séléka avait renversé en 2013 le président François Bozizé, avant de perdre elle-même le pouvoir en début d'année.
Le mouvement est aujourd'hui très divisé, en particulier sur ses objectifs politiques.
Le numéro trois de l'ex-Séléka, Mohamed Moussa Dhaffane, avait ainsi proposé une partition du pays lors du forum pour la réconciliation nationale qui s'était tenu en juillet à Brazzaville.
L'UPC a été fondée samedi lors d'une assemblée générale à Bambari, le chef-lieu de la Ouaka (centre), région ensanglantée par de nouvelles violences intercommunautaires ces derniers jours.
La dernière attaque en date, attribuée à des Peuls et combattants ex-Séléka, avait fait au moins 30 morts et des dizaines de blessés mardi et mercredi dans la localité de Yamalé, près de Bambari.
La Centrafrique, ancienne colonie française à l'histoire jalonnée de rébellions et de coups d'Etat, a plongé dans un chaos sans précédent lorsque la Séléka a pris le pouvoir, les rebelles mettant le pays en coupe réglée jusqu'à leur départ en janvier 2014.
Les troubles intercommunautaires se sont poursuivis ensuite, les miliciens anti-balaka à dominante chrétienne commettant à leur tour d'innombrables exactions, notamment contre les musulmans, qui ont dû fuir en masse Bangui.
Si elle a perdu le pouvoir, la Séléka est restée très influente dans la région de Bambari et dans le nord-est du pays.
RCA: des cadres de la Seleka créent leur mouvement politico-militaire
Par RFI 27-10-2014 à 12:20
En RCA, quelques cadres militaires de la Seleka étaient rassemblés, samedi et dimanche, à Bambari dans le centre du pays. Ils tiennent à se démarquer de la hiérarchie de l’ancienne rébellion et ont formé leur propre mouvement politico-militaire.
L'UPC, l'Union pour la paix en Centrafrique, a donc vu le jour sous l'impulsion de deux figures de l'ex-rébellion : Ali Darassa qui commandait la région de Bambari avant que la Seleka n'y installe son état-major militaire en mai dernier et Mahamat al-Khatim, autre puissant chef de guerre, qui a perdu beaucoup d'hommes en affrontant les forces françaises par deux fois au moins cette année.
« Aujourd'hui, l'heure est à la paix », martèle le porte-parole de ce nouveau mouvement, Ahmat Nedjad Ibrahim. « Nous sommes contre la partition et pour la cessation des hostilités sur la base de [l'accord de] Brazzaville, explique-t-il. Nous avons décidé de travailler avec une nouvelle génération qui ne fait pas partie forcément de la famille selekiste, ajoute le capitaine Nedjad, qui déplore l'incompétence de l'état-major Seleka à maîtriser ses hommes. »
L'UPC s'est aussi doté d'une aile politique. A sa tête, celui qui était il y a quelques jours encore le porte-parole officiel de l’ancienne rébellion, Habylah Awal. Il tempère un peu la scission avec la Seleka canal historique : « Pourquoi rompre avec Nourredine Adam et Michel Djotodia ? Je ne renie pas mon passé à la Seleka, mais le problème c'est sa passivité, son manque de cap, de projet et de leadership », explique-t-il. Quant à la partition du pays, pour Habylah Awal, cette question n'est plus d'actualité, mais elle reste une option.