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L’Onu entre volontarisme et impuissance en Centrafrique (Amnesty International)

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http://www.amnesty.fr/      [02/11/2014]

 

Après des années de crise et de violences, l’Onu a déclenché une opération de maintien de la paix. À terme, elle comptera 12 000 militaires et policiers déployés dans l’ensemble du pays pour rétablir la sécurité et aider au retour de l’État de droit. A-t-elle les moyens de ses ambitions ?

 

Analyse.

 

Après des années de crise et de violences, l’Onu a déclenché une opération de maintien de la paix. À terme, elle comptera 12 000 militaires et policiers déployés dans l’ensemble du pays pour rétablir la sécurité et aider au retour de l’État de droit. A-t-elle les moyens de ses ambitions ? Analyse.

 

La mobilisation des Nations unies pourra-t-elle renflouer cet État naufragé qu’est devenue la Centrafrique ? Le 15 septembre a débuté officiellement la onzième mission de l’Onu dans ce pays. Créée par la résolution 2 149 adoptée par le Conseil de sécurité, le 10 avril dernier, la Mission multidimentionnelle de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (Minusca) est le fruit d’une mobilisation tardive de la communauté internationale pour tenter de sortir la Centrafrique du chaos politique et d’une tragédie humanitaire.

 

Sur le papier, ce n’est pas rien. Près de 12 000 casques bleus, dont 10 000 militaires et 1 800 policiers, déployés au titre du chapitre VII, et donc habilités à faire usage de la force. En plus de tout le système des agences et des programmes onusiens déjà présents pour parer aux défis humanitaires, une composante civile conséquente assistera l’État dans les dossiers les plus vitaux pour sa réhabilitation : les négociations politiques avec les acteurs du conflit, la gestion régionale de la crise, la réhabilitation du système judiciaire, la refonte des forces de sécurité, la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire et l’organisation des élections (reportées à février 2015). Une opération destinée à durer plusieurs années et d’une ampleur prometteuse. À condition que les moyens suivent.

 

Au moment de son déploiement, seuls 7 200 casques bleus ont été mobilisés et pour la plupart, il s’agit des 6 000 hommes de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) déjà présents, auxquels le Rwanda, la République démocratique du Congo et le Burundi, ont ajouté quelques troupes supplémentaires. Les opérations françaises Sangaris et européenne, Eufor-RCA, seront, quant à elles, prolongées de quelques mois. Les Nations unies seraient en pourparlers avec le Pakistan et le Bangladesh, mais l’efficacité de contingents non francophones reste problématique. Quant à la composante civile, elle commence tout juste à se déployer.

 

QUELS INTERLOCUTEURS POUR NÉGOCIER ?

 

Même si, bon an mal an, la Minusca parvient à atteindre ses effectifs théoriques, dispose-t-elle des remèdes au mal centrafricain ? À court terme, il n’y a pas de raison que la Minusca réussisse à achever le désarmement et la démobilisation des groupes armés avec plus d’efficacité que les opérations précédentes, sans un accord politique solide. Or, amener les protagonistes de la crise à la table des négociations pose deux problèmes de fond. D’une part, il faut négocier avec des leaders sous le coup de poursuites internationales pour crimes de guerre, en contradiction avec les exigences de la lutte contre l’impunité. D’autre part, il faut disposer d’interlocuteurs capables de contrôler les troupes, et malgré tous les efforts déployés pour structurer les Anti-balakas et l’ex-Séléka, ces mouvements ne cessent de se déchirer, au gré des ambitions personnelles ainsi que des logiques tribales et locales.

 

À plus long terme, au-delà de l’impunité dont les effets délétères sont régulièrement évoqués, c’est la capacité de l’État à s’attaquer aux faiblesses structurelles du pays qui déterminera son avenir. Cul-de-sac de l’expansion coloniale française, l’administration de la Centrafrique avait été confiée à des compagnies privées motivées par l’exploitation de l’or et du diamant. Selon la tradition étatique dont le pays a hérité, détenir le contrôle de l’État c’est détenir la clé du « coffre-fort ».

 

En dehors de rares épisodes, le développement économique, la gestion des tensions sociales, la réduction des fractures territoriales entre l’Est et l’Ouest, le contrôle des frontières ont paru des exigences secondaires. Dans son rapport publié en juin 2014, De la prédation à la stabilisation, l’International crisis group estimait que l’assainissement du secteur des activités extractives était l’une des clés de sortie de crise. Le sauvetage de la Centrafrique se joue à l’échelle d’une génération, bien plus que d’une opération des Nations unies.

 

Thierry Brésillon

L’Onu entre volontarisme et impuissance en Centrafrique (Amnesty International)

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