CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
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Unité- Dignité- Travail
A L’OCCASION DE LA CEREMONIE D’OUVERTURE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE
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(Conseil National de Transition, Bangui le 17 juillet 2014)
- Madame le Ministre d’Etat représentant du Premier Ministre, Chef du Gouvernement
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organismes Internationaux,
- Mesdames et Messieurs les Conseillers Nationaux,
- Distinguées personnalités,
- Mesdames et Messieurs,
Le drame que nous venons de vivre avec les dernières violences dans la ouaka, plus particulièrement à Bambari vient s’ajouter au cauchemar dans lequel notre pays est plongé depuis quelques mois, marqués par le déchaînement d’une violence et d’une barbarie étrangères à nos mœurs et à nos traditions.
La République Centrafricaine sombre dans la tourmente de la violence. Son Etat vacille, son peuple est déchiré. Des frères, habitants de mêmes quartiers, de mêmes villages, de mêmes villes, se sont retrouvés opposés dans une lutte fratricide pour des raisons d’appartenance ou non à une communauté.
Notre pays a enregistré à ce jour des dizaines de milliers de morts, un niveau de destruction des infrastructures sans précédent, une coûteuse entrave au développement et une régression de notre position et image sur la scène internationale.
Il est temps pour nous, de donner le meilleur de nous-mêmes pour que s’éteigne le brasier de la violence, pour que nous cessions enfin d’enterrer et de pleurer nos victimes.
Au nom du Conseil National de Transition, je m’incline de nouveau aujourd’hui avec ferveur et respect à la mémoire de toutes les victimes des tueries abjectes, et les récentes victimes des actes barbares commis à Bambari, à Paoua ou d’autres localités.
- Mesdames et Messieurs,
- Distinguées personnalités,
Dès que le Conseil National de Transition a été mis en place en avril 2013, il n’a ménagé aucun effort ni aucune initiative pour éteindre le feu destructeur de notre pays, condition première de la reconstruction nationale et de la restauration du crédit de la République Centrafricaine sur la scène internationale.
En effet, plusieurs appels ont été lancés en direction du Gouvernement lui demandant de tout faire pour rétablir la sécurité, empêcher la poursuite de la violence et la destruction, créer les conditions pour emmener les centrafricains à bannir l’effusion de sang entre eux.
Mais hélas ! Les résultats des actions menées depuis lors ne sont toujours pas à la hauteur des espérances de nos populations.
La sécurité n’est toujours pas totalement restaurée malgré la présence des forces internationales engagées depuis plus de six(6) mois dans les actions de rétablissement de l’ordre et de la sécurité.
Les Centrafricaines et les Centrafricains n’ont toujours pas retrouvé leur légitime aspiration à rebâtir leur Patrie, à accéder eux aussi au bien-être, et à garantir l’avenir de leurs générations montantes.
Notre plaie nationale est encore loin d’être guérie. Et cela n’est pas seulement dû aux actes de violence qui persiste, même avec une intensité réduite à Bangui, mais cette plaie résulte également des graves conséquences de la fracture sociale née des attaques entre les communautés musulmanes et non musulmanes.
Aujourd’hui, de nombreuses familles sont éplorées par la disparition des leurs.
D’autres familles, dont des proches se sont retrouvés entraînés dans la spirale infernale de la violence, vivent dans un total dénuement.
Des orphelins se comptent par milliers, ils se retrouvent seuls et abandonnés du fait de la démence de ceux qui continuent de nous imposer leur loi.
Voilà le contexte qui doit nous contraindre à agir en faveur de la réconciliation nationale véritable, en tenant compte des appels lancés par la communauté internationale
La réconciliation nationale constitue un défi si nous voulons nous éloigner des germes mortels de la haine et de la vengeance.
La marche vers la réconciliation nationale ne signifie pas l’oubli de nos souffrances, ni l’absolution des nombreux crimes et délits dont le peuple a été victime. Elle représente notre aspiration à la paix et notre cohésion nationale garante de notre unité, cette unité hors de laquelle notre avenir national restera toujours compromis et exposé à des périls certains.
- Madame le Ministre d’Etat représentant du Premier Ministre, Chef de Gouvernement
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
- Mesdames et Messieurs,
- Distinguées personnalités,
La session extraordinaire qui s’ouvre et dont l’ordre du jour concerne la sécurité et la préparation du Forum de Brazzaville servira de cadre de premiers échanges des représentants de la population sur la question du processus de réconciliation nationale et des différentes étapes qu’elle doit suivre.
Beaucoup de choses ont été dites, beaucoup de bousculades ont été observées depuis que l’on a rendu public les résolutions de la concertation des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC tenue en marge de la dernière réunion de l’Union l’Africaine à Malabo.
Sans anticiper sur les débats qui vont se tenir dans le cadre de cette session extraordinaire et des conclusions qui s’en suivront, je me permets de dire ici, qu’il faut distinguer les différentes phases du processus de réconciliation nationale envisagé.
Le Forum de Brazzaville comme d’aucuns le savent n’est pas une conférence de réconciliation nationale mais une étape décisive à la création des conditions de paix et de sécurité nécessaire à la tenue du dialogue inter centrafricains tant souhaité.
La réunion de Brazzaville qui regroupera toutes les sensibilités du pays vise à obtenir de ceux qui détiennent encore les armes et qui entretiennent l’insécurité « une cessation des hostilités », c'est-à-dire un arrêt de la violence.
Le dialogue inter centrafricain sur l’avenir du pays pourra à son tour, se tenir sur le territoire national pour que les filles et fils de Centrafrique puissent envisager sereinement leur destin commun.
Nous devons éviter de perdre encore du temps dans des querelles politiciennes et de positionnement.
La République Centrafricaine est meurtrie et a besoin de paix en urgence pour permettre la reprise effective du travail gage de notre dignité.
Allons donc à cette rencontre de Brazzaville de manière concertée et en ayant à l’esprit l’intérêt de notre pays.
Sachons également exprimer de la reconnaissance à l’endroit de ceux qui nous aident et qui risquent d’être découragés par nos propos et prises de positions
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C’est sur cette exhortation à nous rendre disponible et positif pour obtenir du Forum de Brazzaville une cessation de la violence en République Centrafricaine que je déclare ouverte la présente session extraordinaire.
Je vous remercie de votre aimable attention.