09/07/14 (Jeune Afrique)
Qui est à l'origine de la sanglante attaque de la cathédrale Saint-Joseph de Bambari, qui a fait au moins 17 morts lundi ? Membres de l'ex-Séléka ou musulmans armés ?
Les versions divergent.
Le bilan, provisoire, est déjà lourd : l'attaque de la cathédrale Saint-Joseph de Bambari, lundi 7 juillet au soir, a fait au moins 17 morts, selon Monseigneur Edouard Mathos. Certains humanitaires cités par RFI parlent de même 22 victimes. Et les circonstances de ce carnage restent encore floues.
Dimanche, deux groupes d'anti-balaka attaquent un quartier musulman de la ville. Deux jeunes sont tués. Le lendemain, des hommes armés, entre 30 et 50, s'en prennent aux anti-balaka. La force Sangaris s'interpose alors que les deux belligérants s'affrontent.
Vers 15 heures (locales), les combattants musulmans encerclent la cathédrale Saint-Joseph qu'ils soupçonnent d'abriter des anti-balaka. Sangaris utilise un hélicoptère pour les dissuader. L'évêché est tout de même attaqué.
Présent sur les lieux, Monseigneur Edouard Mathos raconte : "Ils ont envahi l'évêché et commencé à tirer. Quand ils sont arrivés dans l'enceinte de la cathédrale, ces hommes ont tout cassé, pillé. Ils ont même brisé les portes de ma résidence."
Qui a attaqué la cathédrale ?
Selon une source de la Misca (la force africaine) citée par l'AFP, il s'agissait d'"hommes armés portant des boubous et des uniformes militaires identifiés comme étant des ex-Séléka". Joints par Jeune Afrique, l'entourage du ministère français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et une source sécuritaire française, ont également accusé des éléments de l'ancienne rébellion.
D'autant qu'un membre de l'état-major des ex-Séléka justifie l'attaque. "Des miliciens anti-balaka sont présents sur ce site de déplacés, comme ils le sont sur d'autres sites. C'est pour cela que nous avons lancé une attaque", a-t-il indiqué à l'AFP.
"Il y a toujours des provocations et des attaques des anti-balaka depuis leur attaque contre des peuls qui a fait 17 morts (23 juin). Nous ne faisons que défendre les populations", a confirmé Ahmad Nejad, porte-parole de l'état-major.
Pourtant, Monseigneur Edouard Mathos affirme que ce sont des jeunes musulmans non apparentés aux anciens rebelles qui ont mené l'attaque. Il soutient même que lundi, vers 16h 30 (locales), des membres de la Séléka ont porté secours aux civils de l'évêché, chassant les assaillants. "Depuis, une vingtaine d'entre eux sont restés et nous protègent", explique le religieux.
Une version confirmée par un autre porte-parole de la Séléka, le colonel Djouma Narkoyo. Ce dernier affirme que l'ex-rébellion est intervenue avec Sangaris et la Misca pour mettre fin à l'attaque.
Pourquoi de telles divergences ?
S'il est si délicat d'obtenir une version coordonnée de la Séléka, c'est que les anciens rebelles sont particulièrement divisés, selon les origines géographiques et ethniques de ses éléments. À Bambari, par exemple, se côtoient le nouvel état-major mis en place à Ndélé en avril et le commandant de la région, Ali Darass. Mais ce dernier et le chef d'état-major, Joseph Zindeko, sont issus de deux branches différentes. Leurs intérêts et leurs positions ne sont pas les mêmes.
Pour compliquer le tout, les deux porte-paroles qui s'expriment au nom de la Séléka sont affiliés à ces deux branches. Ahmad Nejad est proche d'Ali Darass, alors que Djouma Narkoyo l'est de Joseph Zundeko...
Vincent Duhem
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140708185328/d...
Centrafrique: Au moins 20 déplacés tués par l'ex-rébellion Séléka à Bambari (force africaine)
08/07/14 (AFP)
Au moins 20 personnes ont été tuées dans une attaque de l'ex-rébellion Séléka contre le site de déplacés de la cathédrale catholique de Bambari( centre de la Centrafrique), a indiqué mardi à l'AFP la force de l'Union africaine (Misca), soulignant que le bilan pourrait encore s'alourdir.
"Au moins 20 personnes ont été tuées et 25 blessées lundi soir dans le site des déplacés de la cathédrale catholique Saint-Joseph de Bambari, attaqué par des hommes armés portant des boubous et des uniformes militaires identifiés comme étant des ex-Séléka", a annoncé une source de la Misca, qui a requis l'anonymat.
"Les assaillants ont incendié des tentes et ouvert le feu sur les civils qui s'y trouvaient. Il s'agit encore d'un bilan provisoire qui pourrait s'alourdir car les humanitaires n'ont pas la tâche facile sur le terrain où des tirs étaient encore entendus ce matin", a précisé la source.
"La plupart des personnes réfugiées sur ce site ont escaladé la concession de la paroisse pour se mettre à l'abri des tirs à la base des soldats français de l'opération Sangaris et à la résidence du préfet", a ajouté la source de la Misca.
L'ex-rébellion estime que des miliciens anti-balaka, à dominante chrétienne, sont présents sur ce site de déplacés, comme ils le sont sur d'autres sites. "C'est pour celà que nous avons lancé une attaque", a indiqué un membre de leur état-major.
"Il y a toujours des provocations et des attaques des anti-balaka depuis leur attaque contre des peuls qui a fait 17 morts (23 juin). Nous ne faisons que défendre les populations", s'est justifié Ahmad Nejad, porte-parole de l'état-major de l'ex-rébellion.
Ces nouvelles violences ont entrainé l'annulation du déplacement mardi à Bambari du ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian. M. Le Drian est arrivé lundi à Bangui pour une visite de deux jours dans le pays.
Dans une déclaration sur la radio centrafricaine mardi, il a déclaré qu'"il n'y a pas d'avenir pour la Centrafrique s'il n'y a pas de cessez-le-feu" entre les différents groupes armés qui s'affrontent et multiplient les exactions contre la population.