INTERVIEW - Quatre mois après l'intervention française en Centrafrique, Abdou Diouf, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), répond en exclusivité aux questions du JDD. Extrait de son entretien à paraître dimanche.
La France a-t?elle, selon vous, sous-estimé les risques et calibré ses forces au minimum pour intervenir en Centrafrique?
Cette mission Sangaris a évité le pire, le génocide. Elle est venue à son heure. Personne ne pensait que la prise de pouvoir par l'ex-président Djotodia, appuyé par les milices Séléka, finirait en guerre politico-religieuse. Au moment où la France a envoyé ses troupes en renfort des forces africaines déjà sur place, la situation était dangereuse, mais je ne peux pas dire que les autorités françaises ont mal apprécié la situation. Au vu de ce qui s'est passé ensuite, si la France n'était pas intervenue, il y aurait eu un véritable génocide. Il faut attendre maintenant l'arrivée des autres renforts africains et européens et surtout la mise en place de l'opération de maintien de la paix des Nations unies.
Le mot "génocide" est fort, vous le maintenez?
(...) Le mot "génocide" a été galvaudé. Il faut le saisir de façon presque charnelle. Allez à Kigali et visitez le mémorial du génocide rwandais! Personne n'en sort intact. Moi, j'y suis allé, et je vous assure qu'en en sortant je pleurais à chaudes larmes, je n'étais plus moi-même.
François Clemenceau - Le Journal du Dimanche samedi 22 mars 2014
Centrafrique: pour Abdou Diouf, l'intervention française a évité un "génocide"
PARIS, 23 mars 2014 (AFP) - L'intervention française en Centrafrique "a évité le pire, le génocide", estime le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, dans un entretien à paraître dans le Journal du dimanche.
"Au vu de ce qui s'est passé ensuite, si la France n'était pas intervenue, il y aurait eu un véritable génocide", affirme M. Diouf.
Désormais, il dit attendre "l'arrivée des autres renforts africains et européens et surtout la mise en place de l'opération de maintien de la paix des Nations unies".
En tant que dirigeant de l'Organisation internationale de la Francophonie, qui regroupe 77 Etats membres ou observateurs, Abdou Diouf assure avoir promis au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, "de faire tout(son) possible pour qu'un maximum de pays francophones participent à cette mission en Centrafrique".
La Centrafrique s'est enfoncée dans le chaos et un cycle infernal de tueries intercommunautaires depuis un coup d'Etat il y a un an.
Les violences ont fait près d'un million de déplacés et réfugiés, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants, et provoqué une crise humanitaire sans précédent.
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Menace de jihad en Centrafrique
Frédéric Gerschel | Publié le 23 mars 2014, 07h00
Il s'agit pour l'instant d'un phénomène très marginal. Mais les autorités françaises surveillent avec attention les appels au jihad concernant la Centrafrique. Il faut dire que la situation sécuritaire est toujours préoccupante dans le pays malgré...