BANGUI AFP / 31 janvier 2014 19h05 - Une opération militaire (française) est en cours sur Sibut, ville contrôlée par des combattants de l'ex-rébellion Séleka, a déclaré vendredi à l'AFP un officier de communication français.
Deux avions et deux hélicoptères français survolent la ville depuis 15H00 (14H00 GMT), a affirmé, joint par téléphone, un habitant de la ville réfugié en brousse. Ce dernier a précisé que des éléments de la force (militaire française) Sangaris et de la Misca (force de l'Union africaine) sont à 5 km de Sibut en provenance de Bangui.
Un responsable de la défense à Paris a pour sa part confirmé à l'AFP que des appareils français, avions et hélicoptères, ont survolé Sibut en début d'après-midi, précisant qu'il s'agissait d'une mission d'accompagnement, et qu'il n'y avait pas eu d'intervention des appareils français contre des troupes au sol.
Les habitants de Sibut ont fui leur domicile ces derniers jours devant l'arrivée de combattants de l'ex-rébellion Séléka, qui tiennent désormais la ville.
99% de la population a quitté Sibut, ils sont dans la brousse, a expliqué à l'AFP sous couvert d'anonymat le même habitant, précisant que les ex-rebelles, une centaine, étaient arrivés de différents endroits de province pour se regrouper.
Selon cette source, les Séléka se cachent dans des maisons abandonnées par les civils.
Dans cette ville située à 180 km au nord de Bangui, les combattants musulmans, qui ne s'expriment qu'en arabe, ont commis mercredi des exactions contre les populations civiles, a déclaré, sous couvert d'anonymat, une source de la gendarmerie centrafricaine jeudi.
La colonne est commandée par Mamadou Rakis, ancien directeur général adjoint de la police centrafricaine de l'ex-président Michel Djotodia, selon cette source.
Une source diplomatique avait expliqué jeudi qu'il y a eu une redistribution des cartes au sein de la Séléka depuis la démission contrainte le 10 janvier de son chef Michel Djotodia, puis le départ de certains officiers vers le Tchad et le cantonnement des combattants à Bangui ces derniers jours.
D'après cette source, la colonne entrée à Sibut est composée de soldats en déshérence.
En début de semaine, les ex-Séléka, qui avaient porté l'ancien président Michel Djotodia au pouvoir en mars 2013, ont été évacués des divers camps qu'ils occupaient dans Bangui et regroupés au camp RDOT, situé à la sortie nord de la capitale. Toutefois nombre d'entre eux ont préféré fuir avec armes et bagages, sillonant désormais les routes de province sans aucun contrôle.
D'autres villes du pays ont été désertées par leurs habitants, comme Bocaranga (nord-ouest), une ville fantôme, vide, détruite, pillée. C'est effrayant témoigne Delphine Chedorge, coordinatrice d'urgence pour MSF. Les contacts que nous avons en province nous font part de violences extrêmes et de déplacements de population. La population est terrorisée.
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RCA: des troupes de la Misca sont arrivées à Sibut
RFI vendredi 31 janvier 2014 à 19:03
Trois unités de la Misca sont arrivées à Sibut dans la journée du vendredi 31 janvier. Ce détachement est composé de soldats gabonais, camerounais et burundais. Ils sont appuyés par des éléments de Sangaris. En République centrafricaine, la situation est toujours tendue. Des regroupements d'hommes de la Seleka ont été signalés dans plusieurs villes, à Berbérati à l'ouest du pays, et aussi à Sibut à 180 km au nord de la capitale.
A Sibut, ces soldats sont attendus avec impatience mais aussi inquiétude. Certains habitants craignent en effet qu'il n'y ait des affrontements avec les hommes de la Seleka qui occupent la ville.
Cela fait maintenant deux semaines que les gens vivent dans la peur. La ville s'est vidée d'une partie de ses habitants. Beaucoup ont fui en brousse et plusieurs centaines se sont réfugiés à la paroisse, au petit séminaire, ou chez les soeurs. Le vendredi matin encore, des familles paniquées ont trouvé refuge à l'église. Selon plusieurs témoignages ce sont les populations non-musulmanes qui sont particulièrement prises pour cible à Sibut mais impossible d'avoir un bilan précis des violences.
Un drapeau rouge flotte à Sokada
Les hommes de la Seleka présents à Sibut seraient entre 100 et 300 selon les sources. Ils n'ont pas clairement dit leurs intentions. Mais hier, ils ont planté un drapeau rouge à Socada un quartier périphérique de la ville, pour symboliser la partition du pays. Une initiative qui n'est pas confirmée par leur chef que RFI a pu joindre. Mais cela instaure un peu plus un climat d'insécurité.
Un habitant assure à RFI que chaque jour des hommes soupçonnés d'appartenir à la mouvance anti-balaka sont tués. Ces deux dernières semaines, plusieurs maisons ont été brûlées et il y a deux jours, le bureau d'une ONG internationale a été également détruit et pillé. En début de semaine, c'est la force africaine qui avait fait les frais de cette situation. Puisque 50 policiers gabonais venus en reconnaissance ont dû écourter leur mission, sous la menace de ceux qui tiennent la ville.