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Lu pour vous : Centrafrique: le casse-tête banguissois

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http://www.lexpress.fr/   Par notre envoyé spécial à Bangui, Vincent Hugeux, publié le 28/01/2014 à  15:46

 

Un nouveau gouvernement, des Seleka qui quittent la capitale, des "anti-balaka" qui ne désarment pas: le devenir de la RCA demeure une équation à haut risque et à X inconnues. 

 

Si surréaliste soit-elle parfois, la course engagée en Centrafrique (RCA) entre les dingues de la machette et les apôtres de la normalisation institutionnelle a pris ce mardi une tournure inédite. Du fait, notamment, de l'entrée en scène hier soir d'un nouveau gouvernement -de transition, comme tout ici- et de l'accélération du processus ô combien acrobatique de retrait des ex-insurgés musulmans de la Seleka cantonnés à Bangui. 

 

Doit-on parler d'une passation de pouvoir ou d'impuissance? Toujours est-il que l'ex-Premier ministre Nicolas Tiangaye devait transmettre dans la journée le témoin à son successeur André Nzapayéké. Fruit d'un savant dosage, le cabinet de ce dernier fait la part belle aux rescapés de l'ère Michel Djotodia, du nom du chef d'Etat de facto évincé le 10 janvier. Autant dire que son alchimie satisfait les stratèges de l'ex-rébellion, mais suscite le courroux des miliciens chrétiens "anti-balaka", gratifiés du seul portefeuille de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, confié au "modéré" Léopold-Narcisse Bara, au demeurant très contesté. Pour preuve, les anathèmes du "coordonnateur général" de cette mouvance fragmentée, où se coudoient militaires fidèles à l'ancien président François Bozizé, volontaires des milices villageoises d'auto-défense et voyous des bas-quartiers. La base, a ainsi souligné au micro de RFI Edouard-Patrice Ngaïssona, ancien ministre et président de la Fédération centrafricaine de football, considère que ses droits ont été "bafoués" et qu'on lui "vole" sa "victoire". 

 

Dépit outrancier mais explicable à l'aune de cet apparent paradoxe: l'aile politique de la nébuleuse Seleka semble préserver en partie son assise à l'instant même où, à Bangui et alentour, le rapport de force bascule en faveur de hordes anti-balaka dont la soif de vengeance paraît inextinguible. Impression confortée par l'évacuation de plusieurs sites de cantonnement attribués aux tombeurs de Bozizé. Cap au Nord. Dimanche, un convoi escorté par un détachement tchadien de la Misca -la mission africaine- a pris la route de Bossembélé ; y figurait notamment le "général" Mahamat Bahar, chef du renseignement de la Seleka. Hier, ce fut au tour des locataires du Camp De Roux -là où précisément Djotodia avait en son temps pris ses quartiers présidentiels- et du Camp Kasaï, situé lui aussi dans le sud de la capitale, de rejoindre les compagnons d'armes consignés au siège du Régiment de défense opérationnelle du territoire (RDOT), voisin du fameux "Point kilométrique 12". Sous le contrôle, cette fois, du contingent burundais et de Français du dispositif Sangaris. Transhumance -délicate- poursuivie ce mardi matin. De violents accrochages ont d'ailleurs opposé non loin du PK 12 , les anti-balaka à leurs ennemis. Lesquels avaient, il est vrai, entrepris de défiler en armes aux abords de leur retraite provisoire... 

 

A-t-on laissé le choix aux chefs de la Seleka? Pas vraiment. Les parrains de Sangaris et de la Misca leur ont signifié qu'ils ne seraient bientôt plus en mesure de garantir la sécurité de leurs enclaves en état de siège. Cette stratégie a certes le mérite de neutraliser, en terrain miné, des abcès de fixation permanents et de désamorcer le risque d'une séquence incontrôlable de guérilla urbaine. Elle a l'inconvénient, non négligeable, d'exposer davantage encore les civils musulmans banguissois, désormais privés de leurs "protecteurs" locaux, au feu des représailles. Et de hâter le phénomène d'homogénéisation communautaire. "Le péril, concède un acteur-clé du film noir en cours, c'est l'exode, voire le nettoyage ethnico-religieux. Mais un tel risque peut être conjuré par l'ouverture d'un dialogue national et l'engagement d'un processus de réconciliation, avec le concours actif des leaders confessionnels." A vrai dire, on n'en est hélas pas là. S'il suffisait d'une escouade de ministres "technos" et du verbe des hommes de Dieu pour faire taire les tueurs, ça se saurait... 

 


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