Par Vincent Hugeux, à Bangui, publié le 27/01/2014 à 16:44
Voilà à quoi devrait ressembler le premier cabinet de l'ère Catherine Samba-Panza, qui doit être officialisé mardi matin.
Accouchement délicat pour "Maman Catherine", sage-femme à poigne d'une RCA à l'agonie. Ce lundi, la "cheffe de l'Etat" de transition centrafricaine Catherine Samba-Panza se doit de boucler le casting du gouvernement que conduira son Premier ministre André Nzapayéké, jusqu'alors vice-président de la Banque de Développement des Etats de l'Afrique centrale, et dont la composition devrait être officialisée mardi dans la matinée. L'ancienne maire de Bangui avait promis une équipe de technocrates resserrée -18 membres maximum-, respectueuse de la parité hommes-femmes. En fait, le premier cabinet de l'ère "CSP" devrait compter une vingtaine de portefeuilles, dont quatre confiés à d'ancien dignitaires de la Selaka, la coalition rebelle qui renversa le général-président François Bozizé en mars 2013 et dont les soudards ont semé la mort et la terreur 10 mois durant.
Le maroquin des Finances serait promis à Aboubakar Salao, ex-directeur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), dont le frère Idriss fut le "dircab" adjoint de l'ex-président de facto Michel Djotodia, contraint à la démission le 11 janvier. Celui, ô combien sensible, de la Défense reviendrait au colonel Thomas-Théophile Tchimangoua, ancien patron du Bataillon de protection et de sécurité des institutions, ou BSPI. A la Sécurité intérieure, il est question de Jacqueline Koyambounou Massengué, venue selon une source diplomatique des rangs de la police et qui aurait vécu un temps au Texas. Autre "Américain" pressenti, aux Affaires étrangères cette fois, le diplomate de carrière Stanislas Moussa Kembé, ambassadeur aux Etats-Unis depuis 2009. Le secteur de l'Economie et du Plan pourrait échoir à Florence Limbio, issue elle aussi de la BEAC. Titulaire sortante du Développement rural et de l'Agriculture, Marie-Noëlle Koyara se verrait reconduite. Tout comme Aristide Sokambi, maintenu selon toute vraisemblance à l'Aménagement du territoire, à la Régionalisation et à la Décentralisation.
Encore hypothétique à ce stade, la distribution esquissée ici nous offre l'occasion d'un bref retour en arrière. Car la finalisation de l'attelage Samba-Panza/Nzapayéké aura été pour le moins laborieuse. Au Quai d'Orsay, certains avaient initialement plaidé, pour le CDD présidentiel, en faveur de Josué Binoua, membre de l'équipe Djotodia avant d'en être évincé avec fracas ; ce pasteur évangélique s'y voyait d'ailleurs déjà, au point paraît-il d'avoir prématurément élevé son épouse au rang de "Première Dame". S'agissant de la primature, une autre empoignade opposera sur les bords de Seine le clan des partisans de l'ancien chef de la diplomatie centrafricaine Karim Meckassoua, emmené par le cabinet du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, aux adeptes du "techno" pur jus, profil privilégié au Quai. Notons que ledit Meckassoua avait aussi les faveurs des parrains régionaux, tels le Tchadien Idriss Déby Itno, le Camerounais Paul Biya et le Congolais Denis Sassou Nguesso. Solidarité des "fils de"? Successeur de son père, le Gabonais Omar Bongo Ondimba penchait plutôt quant à lui du côté de Désiré Kolingba, rejeton d'un ancien chef d'Etat et challenger malheureux de Catherine Samba-Panza pour le premier rôle. Peine perdue: c'est bien Nzapayéké qui héritera de la tâche ingrate et exténuante de remettre le pays sur les rails. Choix judicieux au demeurant: son patronyme signifie en sango "Dieu est là". Heureuse nouvelle: vu d'ici, les démons de la haine occupaient jusqu'alors le devant de la scène...
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