REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE UNITE-DIGNITE-TRAVAIL
(BANGUI 12 JANVIER 2014 )
Excellence Messieurs les Ambassadeurs,
Notre rencontre intervient après le 6ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale(CEEAC) tenu à Ndjamena les 9 et 10 janvier 2014.
Devant les grandes décisions prises au cours de ce Sommet, je me fais le devoir en ma qualité de Chef d’Etat de Transition par intérim, de vous en parler pour vous permettre de d’informer vos Gouvernements respectifs.
En effet, le 6ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement était convoqué pour évaluer l’évolution du processus de transition entamé depuis le 23 mars 2013 en République Centrafricaine.
Comme vous le savez tous, cette date correspond au renversement du régime du Président François Bozizé par la rébellion Séléka, qui est une coalition de forces rebelles.
Il était reproché au Président déchu le non respect des engagements pris lors des négociations de Libreville ayant abouti à la signature d’Accord politique organisant une répartition des pouvoirs de l’Etat jusqu’aux élections prévues en 2016.
Ce coup d’état a eu pour effet, la dissolution de la Constitution du 27 novembre 2004 et celle de toutes les institutions de la République dont le Gouvernement et l’Assemblée Nationale.
Devant cette situation, deux (2) Sommets des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC étaient convoqués à Ndjamena dont le dernier le 18 avril 2013, pour aider les nouvelles autorités à organiser et gérer les pouvoirs de l’Etat jusqu’à des élections libres, justes et transparentes en février 2015.
Dans ce cadre, une Feuille de Route a été tracée au Gouvernement et au Conseil National de Transition pour leur permettre d’organiser les pouvoirs de l’Etat et créer les conditions d’un retour à la paix et la sécurité, et mieux préparer les élections.
Le constat fait par le dernier Sommet de la CEEAC de Ndjamena est que les deux (2) responsables du pouvoir exécutif, j’entends le Chef de l’Etat de la transition Michel DJOTODIA AM NAN NDROKO et Me Nicolas TIANGAYE Premier Ministre n’ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités.
L’insécurité entretenue par les éléments incontrôlés de l’ex Séléka a persisté et débouché sur la violation de nombreux droits des citoyens, de même que la gestion approximative du Gouvernement n’a pas permis à la transition d’avancer qualitativement.
Devant cette situation dramatique, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont demandé aux Chef de l’Etat de Transition et au Premier Ministre de constater par eux même cet insuccès et de céder leurs rôles.
Ainsi, ils ont obtenu la démission du Président Michel Djotodia et du Premier Ministre Me Nicolas Tiangaye.
Naturellement, la démission de ces deux(2) personnalités créer un vide institutionnel qu’il faut combler afin d’assurer la poursuite de la Transition.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement réunis à Ndjamena ont décidé que cette question doit être traitée conformément aux dispositions de la Charte Constitutionnelle de Transition qui est la loi fondamentale du pays durant la période de transition.
A ce titre, et conformément aux dispositions de l’article 23 la loi n°13.001 du 18 juillet 2013 portant Charte Constitutionnelle de la république Centrafricaine il me revient d’assurer l’intérim du Chef de l’Etat de Transition pour une durée de 15 jours, nécessaire à l’élection d’un nouveau Chef de l’Etat de Transition par le Conseil National de Transition.
Le compte à rebours a déjà commencé puisque je viens de transmettre à la Cour Constitutionnelle de transition la Lettre de démission du Président Michel Djotodia Am Nan DROKO signée à Ndjamena le 10 janvier dernier, pour qu’elle en prenne acte au cours d’une audience solennelle en début de semaine prochaine.
D’ores et déjà, j’ai pris des dispositions pour assurer la marche de l’Etat :
Il m’a semblé primordial de faire un discours à la Nation le 11 janvier 2014, c'est-à-dire hier dès mon retour de Ndjamena. Je ne peux laisser le peuple tout entier dans l’expectative et la crainte du lendemain ;
J’ai immédiatement convoqué les princicipaux responsables de l’Armée Nationale pour faire une évaluation de la situation sécuritaire et arrêter les mesures qui s’imposent devant la situation actuelle caractérisée par des actes de pillages et des tirs d’armes par des éléments incontrôlés embusqués dans les quartiers, occasionnant la peur et l’insécurité parmi la population. Des instructions claires ont été données pour que les auteurs de pillages et les tireurs embusqués soient sévèrement réprimés ;
J’ai, par ailleurs, demandé aux Ministres du Gouvernement démissionnaires de rester en place pour gérer les affaires courantes de leurs départements respectifs jusqu’à la nomination du Premier Ministre et la formation du Gouvernement pour permettre le fonctionnement de l’Etat et l’exécution du service public ;
J’ai demandé aux éléments des Forces Armées Centrafricaines(FACA) de regagner les rangs où qu’ils se trouvent, pour apporter leur soutien aux opérations de pacification du pays. Aux ex sélékas et antibalakas, je les ai assuré qu’ils retrouveront leur place au sein des Forces Armées Centrafricaines dans le cadre du programme DDR qui sera relancé dès après la mise en place du Gouvernement ;
Je vais rendre ce jour visite aux nombreux déplacés internes qui se trouvent sur plusieurs sites pour leur apporter mon soutien et leur dire que nous allons très rapidement examiner la possibilité d’un soutien que l’Etat pourra leur apporter pour favoriser leur retour dans leurs lieux de résidences habituelles.
Voilà, Excellence Messieurs les Ambassadeurs, les dispositions que j’ai prises depuis hier, dès mon retour à Bangui.
Je tiens, cependant, à vous dire que pour la suite, j’ai la lourde responsabilité d’organiser l’élection du nouveau Chef de l’Etat de Transition qui nommera par la suite un Premier Ministre qui, à son tour formera un Gouvernement.
A ce propos, je vous rassure que je ferai tout ce qui est à mon pouvoir pour que cette élection se tienne dans le délai et conditions fixés par la Charte Constitutionnelle de transition.
J’emploierai toute mon énergie pour que la paix et la sécurité soient garanties en attendant cette élection, de même que je veillerai personnellement à ce que le fonctionnement de l’Etat soit assuré au moyen de la reprise du travail dans les administrations publiques.
Je garde l’espoir que le sursaut de chacun de mes compatriotes nous permettra de relever très rapidement ces défis.
Si la République Centrafricaine, tout le long de son histoire, a subi de nombreuses occasions perdues, elle a aussi montré qu’elle est capable de surmonter n’importe quelle épreuve et d’aller au devant de son destin.
Je mettrai tout en œuvre pour qu’une une ligne rouge soit fixée et que personne ne doit pouvoir franchir pour que la nation centrafricaine survive aux instincts de violence, de désordre, d’affrontement intercommunautaire.
Je voudrais remercier à travers vous, Excellences Messieurs les Ambassadeurs, vos pays qui ne cessent d’aider la République Centrafricaine à retrouver la paix, son unité et la confiance en son avenir.
Je sollicite toutes les bonnes volontés, d’où qu’elles viennent à nous accompagner dans la recherche des moyens urgents à mettre à la disposition de nombreux centrafricains actuellement en déshérence sur les nombreux sites de déplacés. Des femmes, des hommes, des enfants qui souffrent sans abri et sans moyens de subsistance.
Excellence Messieurs les Ambassadeurs,
La Transition, c’est le temps d’une élection dont nous avons tous soif, ce n’est pas comparable à un pouvoir légitime avec des perspectives certaines.
C’est pourquoi je vais tout mettre en œuvre pour que le processus de transition redémarre avec l’élection du nouveau Chef de l’Etat de Transition et la formation du prochain Gouvernement.
L’ancien Président malien Amadou Toumani Touré, lors d’une déclaration prononcée en Guinée Konakry a dit : « qu’une transition n’est réussie que lorsqu’on tue la transition ».
Nous devons donc nous employer pour que la transition en République Centrafricaine prenne fin un jour à l’issue d’élections libres, justes et transparentes.
Je suis personnellement opposé à une transition qui se prolonge, qui résiste au temps, au délai au point de susciter quelques inquiétudes et interrogations.
Nous avons perdu du temps avec les atermoiements du Gouvernement qui vient d’être liquidé.
Il nous faut maintenant nous montrer responsable en décidant de ce que nous voulons, avancer ou reculer car depuis que nous avons cessé d’avancer, nous reculons dans le processus.
Excellence Messieurs les Ambassadeurs,
Par cette rencontre, j’ai voulu prendre la responsabilité historique de conduire le pays à l’élection d’un nouveau Chef d’Etat de Transition dans un bref délai.
Je vais le faire en concertation avec toutes les forces vives de la Nation.
Le Conseil National de Transition qui est l’émanation de toutes les composantes de la nation centrafricaine fera librement son choix.
Aussi, je vous demande Excellence Messieurs les Ambassadeurs, d’apporter à mon pays tous les soutiens nécessaires à la gestion de cette courte période.
Je vous remercie pour votre aimable attention.