Le sommet de NDJAMENA tenu au TCHAD du 9 au 10 janvier dernier a eu comme effet de souhaiter une mauvaise année au chef des rebelles et bourreau des centrafricains, le président de transition DJOTODIA et son premier ministre TIANGAYE, en leur disant adieu et en exigeant leur départ de leur siège respectif.
A cause de la longue chaîne de souffrances, d'exactions et de privations en tous genres égrenées quotidiennement pendant un peu plus d'une année, le peuple centrafricain tout entier a cru un instant que son calvaire venait de toucher à sa fin. Il a pensé s'être définitivement débarrassé du cancer qui l'avait rongé pendant tout ce temps.
Parce que le pouvoir de BANGUI n'est plus assuré par aucune autorité reconnue comme telle, le train des tractations s'est mis en marche pour combler assez rapidement ce vide.
Il faut reconnaître que ceux qui avaient cru bon de mettre DJOTODIA au pouvoir ne sont pas prêts à lâcher aussi facilement le morceau, car ce serait pour eux un aveu d'échec dont les échos vont ou iront bien au-delà des frontières centrafricaines.
Ainsi des manœuvres sont en cours, pour exiger la candidature du Président du CNT au poste de Président de la transition.
Les centrafricains savent qui est le président du CNT. Ils savent comment il est devenu un acteur majeur de la vie politique centrafricaine. Ils savent d'où il vient. Parce qu'il est le cousin ou neveu du Président déchu, il a dû quitter précipitamment les bancs de l'université de BANGUI où il prenait encore quelques cours en licence, pour se voir nommer membre du conseil national de transition, avant d'être bombardé président de cette même institution.
Aujourd'hui, parce que le pouvoir de BANGUI est vaquant, on veut nous l'imposer de la même manière comme Président de la Transition. Même si cette transition a une durée de vie assez courte, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il n'est plus question de donner, de manière gratuite, n'importe quel dirigeant au peuple centrafricain. Ce scénario a trop duré pour être avalé aussi facilement qu 'i l' a toujours été. C'est une pilule dont les centrafricains ont senti l'amertume, un goût qu'ils ne peuvent plus supporter.
Depuis BOGANDA et depuis l'indépendance, en dépit des cadres de grande valeur dont le CENTRAFRIQUE regorge, le pays n'a jamais eu de Président dont les pieds ont traversé une seule fois le seuil d'une porte d'université. Les Présidents qui se sont succédé sont arrivés à la magistrature suprême sans un programme politique sur la base de laquelle conduire leurs activités. La parenthèse PATASSE peut être mentionnée, du fait que l'homme fut un agronome, élu démocratiquement sans laisser au CENTRAFRIQUE une vision politique claire.
Désormais, nous devons tous être debout pour refuser toute imposition de quelque homme politique que ce soit, qui ne soit pas l'émanation de nos aspirations profondes et légitimes.
Pour quelles raisons nous imposerait-on le président du CNT, quand on sait les conditions dans lesquelles il a été élu ? Quand on sait comment il s'est accroché à « son perchoir » après l'élargissement des nombres de « son » institution pour répondre à un besoin de représentativité plus juste de nos populations ?
Les personnalités valables ne manquent pas en CENTRAFRIQUE, pour continuer à vouloir tourner avec les mêmes.
Le peuple centrafricain a trop souffert, n'ajoutez pas une autre souffrance à ses souffrances. Il n'acceptera pas qu'on lui impose un autre personnage, qui ne viendra que pour prolonger la crise qui a déjà trop duré.
Adolphe PAKOUA