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Lu pour vous : Centrafrique : ne pas tomber dans le conflit religieux

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http://www.temoignagechretien.fr  TC n° 3568 26 décembre 2013 Par Philippe Clanché

 

À force d’amalgames, le conflit centrafricain dérape parfois en affrontements confessionnels. Face à cette menace, les responsables chrétiens et musulmans se mobilisent.

 

La République centrafricaine est-elle en proie à un conflit religieux ? Certains éléments pourraient le faire croire. Au pouvoir depuis 2003, le président François Bozizé, chrétien (1), a été renversé en mars dernier, par les rebelles de la coalition seleka, principalement musulmans, comme leur chef, Michel Diotodia. 


Et lors de leur traversée du pays depuis le Tchad et le Soudan, au nord, jusqu’à la capitale, Bangui, située au sud, les Selekas « ont saccagé de nombreuses églises », comme le raconte le P. William Doctor, religieux spiritain centrafricain étudiant à Paris, qui s’est rendu sur place cet été (2). 


Il n’en fallait pas plus pour que naisse l’amalgame entre le projet politique des rebelles et leur confession. En réponse, sont nés en milieu chrétien les groupes dits « anti-balakas », balaka signifiant machette. 


« À l’origine, ce sont des groupes d’autodéfense », explique le religieux. Rapidement, ils sont devenus des acteurs de vengeance s’en prenant à la population musulmane, et des mosquées ont subi le même sort que les églises précédemment. 


FAIRE BAISSER LA TENSION


Un des objectifs majeurs de la mission des soldats français de l’opération Sangaris, qui a débuté le 5 décembre dès son autorisation par l’ONU, est de désarmer tous les protagonistes, et en premier lieu les ex-rebelles.

 
Au même moment, des leaders religieux se sont exprimés fortement pour faire cesser le cycle de la vengeance. Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque catholique de Bangui, a ainsi lancé un appel à la paix dimanche 15 décembre lors d’une messe devant 1 500 fidèles : 


« De nombreux chrétiens disent qu’ils veulent se venger. Mais les chrétiens doivent être habités par l’esprit de Dieu et ne doivent pas tuer. Nous sommes devenus des animaux, les exactions dépassent la raison quand on tue quelqu’un et que l’on brandit son bras. » 


Cet appel, concomitant avec les premiers résultats du désarmement forcé, a donné quelques fruits et amélioré le moral des populations. Plusieurs jours durant, le prélat a circulé pour faire baisser la tension dans tous les quartiers de la capitale, accompagné de l’imam qui préside la communauté islamique nationale. 


SIGNES DE RAPPROCHEMENT


Les religieux n’ont pas attendu ce mois de décembre pour se mobiliser. « En janvier 2013, dès le début du conflit, des leaders religieux chrétiens et musulmans d’une dizaine de pays africains, réunis au Cameroun, lançaient un appel à la paix face aux violences en Centrafrique (voir document ci-contre) », rappelle Franck Lefebvre-Billiez, du Defap, service missionnaire de la Fédération protestante de France, très actif dans un pays où vivent de nombreux protestants. 


Le pays jouit ordinairement d’une bonne cohabitation entre chrétiens (80 % des 5 millions d’habitants de la population) et musulmans (10 %). « Les religions sont un fondement de notre société, explique Béatrice Epaye, catholique, ancienne ministre et animatrice d’une fondation pour les enfants des rues. Les rapports entre habitants sont toujours teintés de religiosité. »


La violence meurtrière semble appartenir au passé, même si des armes circulent toujours et que les craintes demeurent. Des signes de rapprochements sont tangibles. La radio catholique ouvre ses antennes aux musulmans. Le monastère des Béatitudes de Bangui accueille plus de 13 000 réfugiés de toutes religions, en attendant que tous les quartiers soient désarmés.

 
« ON A ENVIE DE LA PAIX »


« Dimanche dernier, j’ai pu me rendre à une rencontre, invitée par des musulmans, raconte Jocelyne Diemer, responsable de la Jeunesse étudiante chrétienne féminine dans le pays, jointe par TC le 17 décembre. J’avais peur et mes parents m’ont déconseillé de m’y rendre. Mais cela s’est très bien passé. Des deux côtés, on a envie de la paix. » 


La rencontre s’est tenue dans ce quartier du « kilomètre 5 », à la population majoritairement musulmane, où le 5 décembre un affrontement entre Selekas et anti-Balakas avait causé de nombreuses victimes. Une rumeur s’en était suivie selon laquelle la mosquée avait été incendiée. Depuis, des jeunes musulmans veillent jour et nuit sur une église catholique afin d’éviter toutes représailles.


« Ce n’est pas une guerre interreligieuse, affirme le P. Doctor. Mais dans un pays en perte de repères et en recherche de coupables, celui qui croit différemment devient une cible. » 


Béatrice Epaye appelle à une recomposition politique avec des partis non confessionnels. Elle espère que les associations de jeunes chrétiens, musulmans ou peuls pourront appuyer la réconciliation. « Je suis plutôt optimiste », conclut Jocelyne Diemer. Avant d’ajouter : « Par la grâce de Dieu, ça ira. »

 


(1) Il appartient à L’Église du christianisme céleste (ECC), mouvement charismatique et pentecôtiste né au Bénin.

(2) Émission « Ecclesia Magazine », Radio Notre-Dame, le 12 décembre.

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