http://observers.france24.com/fr 24/12/2013 / CENTRAFRIQUE
Les violences entre des rebelles de l’ex-Séléka, de confession musulmane, et les milices chrétiennes anti-balaka plongent chaque jour un peu plus la Centrafrique dans le chaos. C’est dans ce contexte que notre Observateur, prêtre à Bozoum, dans l’ouest du pays, s’apprête à tenir les célébrations de Noël, a minima.
À Bozoum, comme dans la capitale Bangui où un couvre-feu a été instauré, les messes de minuit se tiendront dans l’après-midi par mesure de sécurité.
Déjà l’an dernier, Noël avait été difficile car les rebelles de l’ex-Séléka avaient entamé leur marche. Et aujourd’hui, après une année de leurs exactions, les gens sont vraiment épuisés. Les dernières semaines ont été particulièrement difficiles. Beaucoup de personnes ont été déplacées. Deux mille hommes, femmes et enfants ont trouvé refuge dans notre mission catholique. Ce sont des chrétiens, mais nous essayons aussi de faire venir des déplacés musulmans, car nous avons encore de la place ici.
Nous allons faire notre messe de minuit en fin d’après-midi car personne ne sort tard le soir en ce moment, c’est trop dangereux. Nous avons ce qu’il faut, les hosties, la calice, mais ce ne sera bien sûr pas un Noël comme les autres. Noël, c’est la fête des lumières, de la paix … alors à un moment où tant de gens prennent les armes, c’est un peu étrange. Mais c’est d’autant plus important de rappeler que nous sommes tous frères, ainsi que d’essayer de faire en sorte que les enfants vivent un moment de tranquillité. On va par ailleurs essayer de faire des repas un peu plus copieux grâce aux aides du Programme alimentaire mondial. Moi, je vais essayais de faire des raviolis.
"Quand les troupes françaises sont arrivées, c’était comme un Noël pour nous"
La ville de Bozoum a été particulièrement tourmentée ces derniers temps . Nous avions bon espoir que la situation se stabilise quand les forces françaises sont arrivées – ce jour-là, c’était comme si c’était Noël, tout le monde était joyeux dans la mission. Mais elles ne sont restées à Bozoum que quatre jours, et sont reparties vendredi. Depuis, les tensions ont repris le dessus. Les ex-Séléka contrôlent toujours la ville, mais des anti-balaka sont positionnés tout autour. Hier, un petit groupe d’anti-balaka a attaqué des ex-Séléka. Les échanges de tirs ont duré toute la journée.
Nous craignons maintenant une plus grande offensive. Les deux côtés sont mal organisés, et il y a peu de respect pour les hiérarchies. Par exemple, hier, durant les combats, deux rebelles ex-Séléka sont venus à la mission pour me menacer, avant de repartir. Ils ont fait cela pour marquer leur territoire. Je me suis plaint à leurs responsables, qui se sont excusés. Mais on doit rester sur nos gardes, car ces électrons libres ne sont pas contrôlables. Pour Noël, tout ce que l’on souhaite, c’est qu’il n’y ait pas de tirs.